La collection Neuflize en mouvement continu

À la croisée de l’image fixe et de l’image en mouvement, l’exposition met en scène les zones de contact possibles entre instant et durée. C’est David Claerbout qui inaugure cette problématique en offrant une expérience perceptive au spectateur, puisque Untitled (Single Channel View) n’est autre que la photographie d’une salle de classe, dans laquelle le statisme de quelques sages garçons vient progressivement être bouleversé par l’ombre mouvante et tentatrice d’un arbre.

Un peu plus loin, et comme en écho, Aspect d’Emily Richardson est une lente dérive du regard dans une épaisse forêt : le temps semble vibrer à la cime des arbres et les variations lumineuses se font plus intenses à mesure que le montage s’accélère. La question du rythme et de la vitesse est également très bien illustrée par le film Clerk d’Ali Kazma, subtile chorégraphie donnant à voir la frénésie des mains d’un clerc de notaire kafkaïen dont l’unique objectif est de faire un maximum de coups de tampons en un minimum de temps.
Enfin, ce sont les toupies noires et blanches de k qui s’entrechoquent dans une lutte folle, comme un jeu de dames d’un nouveau genre ; avant que Kota Ezawa ne fasse un dernier hommage au film-damier L’Année dernière à Marienbad, dans lequel Alain Resnais a su si bien révéler la nature cristallographique du temps.