La chalcographie, c’est l’art de la gravure sur cuivre. Mais le nom désigne aussi l’endroit où les plaques de cuivre sont conservées.
La Chalcographie du Louvre est ainsi le service du musée qui, depuis sa création en 1797 sous le Directoire, conserve ces matrices destinées à reproduire des gravures. Riche de plus de quatorze mille plaques, la Chalcographie du Louvre est née de la réunion de trois fonds historiques : le Cabinet du roi (soit plus de neuf cents plaques commandées par Colbert à partir de 1765), les Menus-Plaisirs (le service dédié aux « plaisirs » du roi) et les morceaux de réception de l’Académie royale de peinture. Aujourd’hui encore imprimées par la RMN, ces plaques s’apprêtent à réintégrer les collections pour y être patrimonialisées, autrement dit muséifiées. L’exposition « Graver pour le roi » les met au centre d’un accrochage et d’une publication [Lienart et Louvre éditions] qui présentent à la fois leur histoire et leur fonction. Car avant d’être un «art», la gravure sur cuivre était un outil de « communication » au service du roi. C’est ainsi que ce dernier commandait à ses meilleurs graveurs des œuvres destinées à diffuser le plus largement possible l’image de son faste et de sa puissance à travers les fêtes de la cour (feux d’artifice, représentations théâtrales, etc.), mais aussi la richesse des collections royales (reproductions d’antiques ou d’œuvres de Carrache, Le Brun, etc.) comme la construction et les plans des bâtiments les plus emblématiques, à commencer par Versailles. L’exposition raconte donc cette histoire, tout en magnifiant le travail des graveurs par la présentation de leurs cuivres gravés, habituellement jamais montrées, à côté des gravures imprimées. Un bel hommage rendu à l’art de la chalcographie et aux exceptionnels graveurs que furent Israël Sylvestre, Jean Lepautre et Étienne Baudet.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : La Chalcographie avant la Chalcographie