PARIS
C’est inédit, la Maison du Danemark ouvre son espace à une exposition réunissant cinq cents céramiques réalisées par les plus emblématiques artistes danois.
Cinq cents pièces dans une même salle pour illustrer le dynamisme de la création danoise et son évolution stylistique depuis un siècle. La profusion est de mise, mais la scénographie subtile évite l’encombrement. Le parcours s’ouvre avec un grand vase de Bindesbøll daté de 1900 en argile brut aux motifs abstraits incisés à même l’engobe. Une pièce qui marque une rupture avec la tradition de la porcelaine raffinée en vigueur au Danemark jusqu’à la fin du XIXe siècle. Cet artiste travaillait au sein du célèbre atelier Kähler, un atelier comme il en existait beaucoup au début du XXe siècle, une période qui verra apparaître une génération de grands céramistes tels que Karl Hansen Reistrup, Carl Hallier, Nils Thorsson. Les artistes réputés étaient recherchés par les ateliers qui avaient pignon sur rue, dans lesquels ils pouvaient exercer leur art de designer, laissant souvent la fabrication aux tourneurs. Les grandes manufactures ont su également attirer nombre de céramistes, comme la Manufacture royale de porcelaine qui collaborera avec Axel Salto et Nils Thorsson, dont les pièces géométriques restent parmi les plus populaires, et le fabricant Bing & Grøndahl qui emploiera Erik Magnussen. C’est le début de ce qui deviendra le « scandinavian modern », des pièces de grès aux formes épurées et fonctionnelles, aux glaçures sobres. À mesure du développement de la céramique d’art, d’autres ateliers se créent entre 1920 et 1930 parmi lesquels Arne Bang et le studio Saxbo fondé par Nathalie Krebs dont les cruches à anse fendue sont emblématiques du style Saxbo. L’Île de Bornholm fut également un vivier de céramistes dont Gertrud Vasegaard fut l’égérie avec ses vases s’inspirant des formes et des couleurs de la nature. Depuis deux ou trois décennies, la matérialité est devenue l’élément clé, notamment dans les expérimentations sur les glaçures de Christina Schou Christensen, Morten Lobner Espersen ou dans les sculptures complexes de Karen Bennicke ou kitchissimes de Steen Ipsen.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°720 du 1 février 2019, avec le titre suivant : La céramique danoise en cinq cents œuvres