La belle vie de Jacques-Émile Blanche

Lui-même reçoit dans son atelier-salon l’élite des arts et des lettres, dont son grand ami Proust. Après avoir débuté en 1882 au Salon des artistes français, Blanche acquiert très vite une grande réputation de portraitiste. Il peint le Tout-Paris artistique et intellectuel de son époque.

Comme peintre, Blanche a le don de l’observation et de l’acuité psychologique et bien qu’il côtoie l’avant-garde et l’apprécie, il reste ancré dans un style figuratif et classique, prisonnier du milieu mondain dans lequel il évolue. Avec l’essor de la photographie et des avant-gardes, Blanche subodore la fin du portrait réaliste et de la pérennité de son art. La fortune critique lui donnera raison, son œuvre disparaîtra des cimaises des musées.

À travers le décor traditionnel d’un salon bourgeois, l’exposition de la Fondation Bergé ressuscite bien cette atmosphère Belle Époque en donnant à voir au visiteur une galerie de portraits d’une valeur historique indéniable, soit une quarantaine de modèles d’une facture raffinée, saisis dans une attitude familière : le sourire de Cocteau jeune dandy, le regard puissant de Rodin, le célèbre ovale pâle de Proust reproduit tant de fois et l’envol éblouissant de Nijinski. Tous ces personnages qui deviendront après guerre les fantômes illustres d’un « Temps perdu ».