La belle radicalité de Janssens et François

Sous la verrière, le premier, artisan du Grand Verre, convoque la matière brute, la pensée actualisée par le geste, la précision et l’obsession du travail : la seconde l’esthétique du silence, le geste minimal, « l’effacement comme l’horizon esthétique de la modernité ». Sur cette proposition à deux faces qui en cache mille autres, Guillaume Désanges a invité les deux artistes belges, Ann Veronica Janssens et Michel François, à produire une exposition ensemble, ou plutôt une proposition d’exposition, une forme réalisée parmi celles potentielles énoncées dans une liste de travail.  Sous la verrière donc, la matière brute de l’aluminium et du goudron est ordonnée par un simple froissement et mise en forme en cube, jetée au sol ou simplement posée telle quelle comme le rouleau d’alu sur le mur du fond, ready-made sorti d’usine. Les objets manufacturés apparaissent en puissance dans les œuvres, telle une ode à l’artisanat et l’industrie, au geste créateur, tout au fond de la boutique de la maison Hermès. Le trio y écrit également une magistrale orchestration des tensions : apparente légèreté de la boule d’alu froissé et réelle pesanteur du matériau, clinquant argenté et opacité du goudron noir, vide de la salle d’exposition et prolifération des sens dans chaque œuvre, dans une radicalité d’une grande beauté.