Alors qu’on parle beaucoup de la soi-disant générosité de Jeff Koons, c’est son compatriote Jim Dine, âgé de 82 ans et natif de Cincinnati (Ohio), qui lui dame sérieusement le pion en donnant au Musée national d’art moderne – acte de générosité extrême, sans rien attendre en retour ! – un ensemble de vingt-huit pièces, peintures et sculptures, réalisées entre 1961 et 2016.
La raison ? Cet artiste américain, pionnier du happening avec Kaprow et acteur majeur du pop art – même s’il a lorgné toute sa vie du côté de l’expressionnisme abstrait à travers l’expression du moi et la trace du geste –, veut « rembourser la France d’une dette culturelle et personnelle ». Vivant et travaillant à Walla Walla aux États-Unis, mais aussi à Paris et à Montrouge, Jim Dine, à la fois plasticien et poète – il a écrit brutalement au fusain sur les murs de l’accrochage des extraits de ses poèmes –, donne à voir, dans l’exposition dévoilant son don exceptionnel, un ensemble très cohérent. De ses premiers assemblages des années 1960 aux derniers tableaux d’aujourd’hui très colorés, en passant par sa gourmandise à s’approprier des motifs populaires (cœurs, peignoirs, Vénus, Pinocchio, outils…) et ses sculptures à la hache des années 1990, les visiteurs se baladent dans une œuvre libre et foisonnante, plastiquement puissante ; en outre, le catalogue, accompagnant l’événement, est remarquable. Cher Jim, merci du fond du cœur ! Jeff, si tu nous entends…
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°711 du 1 avril 2018, avec le titre suivant : La balade de Jim à Beaubourg