On connaît surtout la photographe allemande Germaine Krull (1897-1985) à travers ses voyages, ses amitiés politiques berlinoises des année 20, ses amitiés artistiques cosmopolites et intellectuelles dans l’Europe des années 30, et surtout à travers son recueil de photos, Metal, qu’elle publie à Paris en 1928. Cet ouvrage est une sorte d’hymne moderniste à la machine, vision à la fois proche de la Nouvelle Objectivité chère à August Sanders et Karl Blossfeld, mais proche aussi d’un Charles Sheeler et surtout d’un Lazlo Moholy-Nagy. C’est pendant sa longue période amoureuse avec le cinéaste hollandais Joris Ivens qu’elle découvre la beauté du port de Rotterdam et qu’elle construit ses images de ponts, d’usines et de grues, influencée à la fois par le travail cinématographique très « musical » de Ivens et par le découpage et le montage de son ami Sergei Eisenstein. Lors de son séjour à Paris de 1926 à 1936, ce portfolio rend célèbre cette « garçonne » anticonformiste et collectionneuse d’amants dont le grand photographe roumain Eli Lotar. Elle fait énormément de portraits de l’intelligentsia parisienne, bombarde de photos la Tour Eiffel, se lance dans les nus et les vues pittoresques de Paris comme le font (mieux) au même moment André Kertész ou Brassaï. Pendant toute cette période, son grand ami Walter Benjamin la soutient et écrit sur son travail. Avec l’arrivée de la guerre, sa création prend une dimension plus politique et son œuvre devient beaucoup moins intéressante. On la retrouve à Brazzaville suivant la campagne de la France Libre, puis à Bangkok, en Thaïlande envoyée par Malraux pour photographier l’art bouddhique, enfin en Inde. En conclusion, la démarche originale de sa photographie ne s’est concentrée qu’entre les années 20 et 30.
PARIS, Musée national d’Art moderne, jusqu’au 5 février.
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Krull, la garçonne de la Tour Eiffel
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°522 du 1 décembre 2000, avec le titre suivant : Krull, la garçonne de la Tour Eiffel