Installé en France, Jürg Kreienbühl est né à Bâle en 1932. Le musée d’art et d’histoire Louis Senlecq de L’Isle-Adam héberge cet hôte dérangeant au sein d’une exposition saisissante tournant à la démonstration : celle d’un artiste hanté par la décrépitude du monde.
Kreienbühl construisit son propre microscope à l’âge de douze ans. Convient-il d’y voir son goût pour la dissection ? Une dissection du visible et du milieu environnant, mieux environnemental, par laquelle l’artiste stigmatise une industrialisation aveugle à ce qu’elle enfante. Pétroliers dégazant près des côtes, usines chimiques déversant un poison létal, décharges pullulantes : le constat est sévère parce que juste et incisif. Précisément, les incisions en noir et blanc, sans l’artifice d’une couleur séduisante, insistent d’autant plus sur la faillite du monde.
Si Kreienbühl figure un coin verdoyant de banlieue parisienne, pointent au loin, inquiétantes et monochromes, les tours de la capitale. S’il peint la Ruine du château d’Hérisson, sourde en négatif la déréliction du monde. S’il représente une Vue au muséum d’histoire naturelle, l’absence de chair des squelettes retient son attention qui, très minutieuse, semble être l’héritage d’une tradition de Bosch à Schiele. Une tradition figurative et figurale où, ainsi qu’en témoigne son éloquent Autoportrait dans la merde, l’art conserve cet ineffable pouvoir d’excéder la laideur et de s’émerveiller devant un Rat mort et déchets…
« Jürg Kreienbühl ou l’envers du décor », musée d’art et d’histoire Louis Senlecq, 31, Grande-Rue, L’Isle-Adam (95), tél. 01 34 08 02 72, jusqu’au 19 mars 2007.
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Kreienbühl, triste monde
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : Kreienbühl, triste monde