VIENNE / AUTRICHE
Le Musée du Belvédère expose magistralement les liens unissant Gustav Klimt et le décorateur Josef Hoffman.
VIENNE - Personne n’illustre aussi bien que Gustav Klimt (1862-1918) le modernisme viennois. De sa célébrité découle sans doute la relative obscurité entourant son ami et associé Josef Hoffman (1870-1956), architecte, décorateur et designer. « Pionniers du modernisme », le sous-titre de l’exposition « Gustav Klimt/Josef Hoffman » présentée au Musée du Belvédère montre bien tous les changements que ces deux personnalités vont apporter à Vienne durant les deux premières décennies du XXe siècle.
Leurs activités aussi bien artistiques que sociales s’entremêlent tout au long de leurs carrières communes, avant le décès prématuré de Klimt en 1918. Durant plus de vingt ans, les deux artistes collaborent sur les mêmes projets, exécutent des œuvres pour les mêmes commanditaires, évoluent dans les mêmes cercles sociaux. En 1902, lorsque la Sécession viennoise est fondée, Hoffman conçoit le bâtiment du même nom tandis que Klimt décore les lieux de la célèbre Frise Beethoven. C’est sur cette exposition fondatrice en hommage au compositeur allemand que s’ouvre le parcours, avec une reconstitution de la frise, l’original se trouvant à la Sécession. Comme dans Les Sirènes (1901-1902), tableau de la même période, l’univers onirique et symboliste de Klimt est souvent empli d’apparitions féminines inquiétantes, dont l’érotisme diffus frappe les esprits. Dix ans plus tard, les deux hommes officient de concert à la construction et la décoration du palais Stoclet à Bruxelles, dont les dessins préparatoires et les plans sont exposés au Belvédère (le palais n’est malheureusement plus visitable depuis quelques années). Lorsqu’en 1903 Hoffman fonde, avec Koloman Moser, les Ateliers viennois (Die Wiener Werkstätte), Klimt en devient l’un des principaux associés.
Œuvre d’art total
Avec la plus grande collection de peinture à l’huile de Gustav Klimt, le Belvédère partait déjà avec un beau capital. La problématique choisie, complexe et foisonnante, est enrichie par une scénographie où l’effort de reconstitution se fait subtil. Pour évoquer le travail complémentaire des deux hommes, les portraits de deux grandes bourgeoises de Vienne, dont celui de Fritza Riedler (1906), majestueux, trônent ainsi devant le fauteuil en tissus conçu dans les ateliers de décoration de Hoffman. Le même fauteuil sur lequel elle est figurée assise : la boucle est bouclée. Hermine Gallia (1903-1904) nous regarde depuis son boudoir, tandis que Marie Henneberg (1901-1902), impériale, est placée à hauteur d’un manteau de cheminée, entre les deux vitrines de Hoffman qui l’entouraient dans son intérieur d’origine.
Si Le Baiser (1907) est resté accroché aux cimaises du Belvédère Supérieur, d’autres chefs-d’œuvre viennent garnir le parcours dans le bâtiment inférieur pour suggérer de manière magistrale la notion d’œuvre d’art totale chère à Gustav Klimt et Josef Hoffman. Alfred Weidinger, commissaire de l’exposition, signe un catalogue de haute tenue scientifique, riche en illustrations et bénéficiant de la participation d’auteurs passionnants et érudits. Grâce à un accrochage intelligent et pédagogique, le Belvédère inaugure avec élégance l’« Année Klimt à Vienne ».
La ville de Vienne célèbre Gustav Klimt pour le 150e anniversaire de sa naissance. À cette occasion, la saison culturelle 2011-2012 met à l’honneur l’artiste et son cercle d’amis. Si le Belvédère ouvre le bal, pas moins de sept autres expositions seront consacrées au peintre d’ici à l’été. Le Kunsthistorisches Museum reviendra en mars sur les décors exécutés par Klimt au début de sa carrière, tandis que l’Albertina se concentrera sur sa célèbre collection de dessins. En février, le Musée Leopold évoquera les voyages de l’artiste en Italie, en Espagne et en France pour explorer les influences de la mosaïque byzantine, de Matisse ou de Vélasquez sur son œuvre.
Informations : www.klimt2012.info
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Klimt et associés
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 4 mars 2012, Musée du Belvédère Inférieur, Rennweg 6, 1030 Vienne, Autriche, tél. 43 (01) 795 57 0, www.belvedere.at, tlj 10h-18h, mercredi jusqu’à 21h. Catalogue (en anglais), éd. Prestel Verlag, 323 p., 39 €, ISBN 978-3-7913-5149-0
Commissariat : Alfred Weidinger, conservateur en chef au Musée du Belvédère
Nombre d’œuvres : 130
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°356 du 4 novembre 2011, avec le titre suivant : Klimt et associés