On dit souvent d’un artiste qu’il est un passeur. Appliquée à Tadashi Kawamata, l’expression prend tout son sens. L’art de cet artiste japonais, né en 1953 sur l’île d’Hokkaido, procède de la mise en œuvre d’installations éphémères destinées à faire vivre au spectateur une expérience perceptive induite par un déplacement. L’an 2000, invité par la ville d’Évreux, Kawamata avait ainsi créé en plein cœur de celle-ci une passerelle en bois, placée à quelques mètres de hauteur, reliant les trois bâtiments les plus anciens de la cité. À sa façon héritier du land art – ce mouvement international apparu dans les années 1960, fondé sur le principe d’interventions in situ –, Tadashi Kawamata imagine toutes sortes de situations en relation avec les lieux et les populations. Si les constructions de Kawamata apparaissent comme des greffons, qui font songer à des échafaudages temporaires, c’est qu’il fait exclusivement usage de ce matériau universel et familier qu’est le bois. Invité à intervenir simultanément au centre d’art de Thiers et au château des Adhémar à Montélimar, Kawamata se trouve confronté à deux sites historiques que tout oppose. D’une part, une ancienne usine de fabrique de couteaux, lovée au creux d’une vallée encaissée ; de l’autre, un ensemble palatial médiéval du xie siècle attaché à la noblesse, à la papauté et à la couronne de France avant d’être utilisé comme prison. Deux espèces de forteresses repliées sur elles-mêmes dont l’artiste détourne l’appréhension ordinaire qu’on en a, en créant ici un plancher surélevé traversant le centre d’art, en installant là des cabinets de mémoire, sortes de modules d’archives de ses travaux antérieurs. De l’art de jeter des ponts entre richesse patrimoniale et création contemporaine.
« Tadashi Kawamata – Détour des tours », THIERS (63), Le Creux de l’Enfer, Vallée des Usines, tél. 04 73 80 26 56. MONTÉLIMAR (26), château des Adhémar, tél. 04 75 00 62 30, 25 juin-25 septembre.
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Kawamata, l’art du passage
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°571 du 1 juillet 2005, avec le titre suivant : Kawamata, l’art du passage