« Ce qui s’en dégagea, c’est la puissance incroyable, inconnue pour moi, d’une palette qui dépassait tous mes rêves. Inconsciemment, l’objet employé dans l’œuvre, en tant qu’élément indispensable, perdit pour moi de son importance. » On connaît ces mots de Kandinsky à la découverte en 1895 des Meules de Claude Monet, et comment celle-ci constitue l’un des temps forts de la recherche de l’artiste en quête d’une peinture qui se dispenserait de sujet. Si l’intelligence de la programmation londonienne fait se succéder le disciple au maître (L’Œil n°504), elle offre surtout au public l’occasion de mesurer à travers quelque 140 œuvres sur papier ce qu’il en a été de la genèse et du développement de l’une des révolutions les plus importantes de ce siècle, l’abstraction. Inventée par Kandinsky en 1910, celle-ci a vu le jour dans l’aquarelle. La nature même de cette technique, qui réside dans le fluide et le dilué, l’utilisation d’un support papier, plus souple et davantage disponible que la toile, devaient en effet permettre à Kandinsky de faire le saut qualitatif l’entraînant à faire le deuil définitif du sujet. Si l’on connaît assez bien son œuvre peinte, on ne sait pas toujours que l’artiste a laissé aussi de très nombreux travaux sur papier : des aquarelles, des gouaches ainsi que quelques estampes, notamment à l’époque du Blaue Reiter et quand il enseigna au Bauhaus. Ce sont là toutes sortes de travaux – études et œuvres à part entière – qui témoignent tant de ses différentes recherches que de ses intentions didactiques, tant des influences de la musique sur son art que des différentes étapes de sa réflexion. Une exposition singulière, pour ce que le dessin est toujours la voix haute d’une pensée.
LONDRES, Royal Academy of Art, jusqu’au 4 juillet.
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Kandinsky sur papier
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°507 du 1 juin 1999, avec le titre suivant : Kandinsky sur papier