Confirmant sa présence accrue dans les grandes manifestations de l’art contemporain, Kader Attia affiche sa première grande exposition personnelle.
Sur fond d’identité(s) culturelle(s) minoritaire(s), de rituels, de traumas de l’enfance ou de déracinements, les installations de Kader Attia titillent le réservoir d’angoisse et d’émotion du spectateur. Il le titille face à ce qui semble se présenter comme des « états de conscience » offensifs, affichant les attributs de la militance et de la résistance teintées d’ironie.
À la Fiac en 2005, il installe un toboggan rouge-rosé. Aux murs, des petits carreaux blancs de salle de bain sur lesquels Attia fixe des anneaux de cuir cloutés et des évacuations de douche par lesquelles s’échappent de longues touffes de cheveux. Au sol, un dallage de miroirs étoilés. À y regarder de plus près, la glissade se termine mal. En bout de course, l’assise du toboggan est traversée de bris de verre aigus et verticaux. Métaphore et souvenir de circoncision nous dit Attia.
À la Biennale de Lyon, il rejoue une cour de récréation. Le temps de l’exposition, les enfants, fabriqués à l’échelle 1 en graines à oiseaux, encadrés de grillages, se font lentement picorer par une volée de pigeons. Au Palais de Tokyo, Attia ordonne comme un motif décoratif un all-over de matraques de CRS sur un mur.
Répliquer à la férocité du monde en lui objectant ses propres codes, et prendre à rebrousse-poil les conventions de l’art en leur opposant un vocabulaire hétérogène ancré dans le réel, c’est ce à quoi s’attache Kader Attia. Quitte à distancer outils et enjeux esthétiques, et à ne pas trop exiger du spectateur, mêlant illustrations politiques et expériences personnelles pour des œuvres à métaphores et à clés démonstratives, procédant par impacts visuels vigoureux, ne dédaignant ni la provocation, ni le spectaculaire. Effet instantané garanti.
« Kader Attia, une exposition rétrospective » au Moca à Lyon (69), jusqu’au 13 août 2006.
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Kader Attia
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°582 du 1 juillet 2006, avec le titre suivant : Kader Attia