Jen-Luc Verna illumine le Mac Val d’un mélange doux-amer de noirceur et de fausse légèreté.
Vitry-sur-Seine - Lui, qui a souvent utilisé dans son œuvre le motif de l’étoile, apparaît presque comme une comète tant il est une figure à part dans le paysage de l’art contemporain français. Sa singularité, c’est d’abord celle d’un corps façonné par la musculation et les tatouages qui le recouvrent presque intégralement ; son corps – ou par projection, celui des autres – devenu motif, emblème, sujet d’une œuvre protéiforme faite de performances, de musique, de films, d’objets, de postures et de gestes, d’images et de beaucoup de dessins. Ces dessins à l’aspect velouté, presque poudrés, dont plusieurs centaines sont exposés ici, procèdent du transfert d’une matrice au trichloréthylène, avant d’être rehaussés au crayon, à la pierre noire ou encore avec du fard : « Vous n’êtes pas un peu beaucoup maquillé ? », interroge le titre de l’exposition, question devenue chez lui comme un cri de guerre, à laquelle la réponse est invariablement « Non ! »
Les mots justes
La singularité de Jean-Luc Verna, c’est aussi celle d’une parole qui, en finesse et avec humour, mais aussi sans détours, exprime toutes les occurrences d’un corps sexué, heureux ou pas, viril ou pas, conquérant ou pas, hybride parfois, perturbant souvent. Avec un vocabulaire qui emprunte – audacieuse synthèse – autant à la sexualité qu’à l’imagerie religieuse, aux évocations littéraires qu’aux univers des contes ou du cinéma, au gothique qu’au baroque. Cette parole s’exprime au MAC VAL, à Vitry-sur-Seine, dans la première monographie qui lui est consacrée par une institution muséale en France, orchestrée par Frank Lamy. Dans une ambiance sombre, cuir et rock obligent, une scène est dressée au centre de l’espace. Et tout autour ces innombrables dessins, où l’on évoque l’amour et la mort, des photos de lui surjouant la pose, de la verroterie sexualisée, une baguette magique surdimensionnée… jusqu’à une pierre tombale couverte de flacons de parfum et de contenants de maquillage.
Dans un essai paru dans le catalogue de l’exposition, Corinne Rondeau estime que « Dans une époque de remix et de remake, où l’art semble jouer ad nauseam ce qu’il faut bien appeler le spectacle de sa propre mort, Jean-Luc Verna offre sa fin à la mise en scène, comme un homme mis à nu se drapant d’un océan noir de signes noyés, usés, fardés, passés, endormis, dans les vestiges et les malheurs du temps contemporain. » Presque une manière de placer chacun face à son image et ses responsabilités en lui tendant un miroir. « Miroir mon beau miroir… »
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Jeux funèbres
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 26 février, MAC VAL, Place de la Libération, 94400 Vitry-sur-Seine, tél. 01 43 91 64 20, www.macval.fr, tlj sauf lundi 10h-18h, samedi-dimanche 12h-19h, entrée 5 €. Catalogue éd. MAC/VAL, 328 p., 25 €
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°468 du 25 novembre 2016, avec le titre suivant : Jeux funèbres