C’en est fini de la représentation de la violence à travers des jeux d’enfants comme nous avions pu le voir au Lieu Unique de Nantes en début d’année.
C’est une exposition plus radicale que propose le jeune artiste français Jérôme Zonder (né en 1974) au Parvis d’Ibos. L’appréhension de la violence est plus frontale. Dès l’entrée de l’exposition, le ton est donné. Le spectateur est accueilli par une installation de pieux noirs dont les pics sont à hauteur d’œil. Cette installation fait aussi allusion à la mise au carreau à la base même de la pratique du dessin. Incarner la violence et dessiner sont au fond une seule et même chose chez cet artiste hanté par la question du mal et des guerres. L’exposition prend place dans un couloir le long duquel se font face deux séries de dessins réalisés au fusain et à la mine de plomb. D’un côté, les « Chairs grises », de l’autre les « Fruits du dessin ». La première série est inspirée par l’essai de Georges Didi-Huberman « Images malgré tout » inspiré lui-même par quatre photographies prises dans les camps de concentration et parvenues jusqu’à nous. Cette série comprend de grands formats réalisés à partir d’images d’archives (notamment de la Seconde Guerre mondiale) qui font ressurgir la mémoire des camps, des corps malmenés, des ombres infernales. Réalisées au doigt avec de la poudre graphique, les formes sont floues, comme prêtes à se dissoudre, à moins qu’elles ne soient en train d’apparaître comme un souvenir qui refait surface. Face à cette histoire collective, répond une série de portraits d’adolescents. Le visage baissé et éclairé par la lumière d’un écran de portable ou de tablette probablement, ces derniers semblent absorbés en eux-mêmes. Il y a là comme une tentative de convoquer la responsabilité de chacun, y compris celle de l’artiste. Une convocation qui prend des allures de provocation avec le dessin de masques en hommage à James Ensor, accroché au fond du couloir. Jérôme Zonder fait partie de cette génération d’artistes qui ont remis à l’honneur figuration et représentation du monde en réaction à une Histoire dont la fin annoncée n’est pas près d’avoir lieu.
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Jérôme Zonder face à la violence de l’histoire
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Abonnez-vous dès 1 €Jusqu’au 24 janvier, le Parvis centre d’art contemporain, Centre Méridien, route de Pau 65420 Ibos mardi – samedi 11h-13h et 14h-18h30, www.parvis.net
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°426 du 2 janvier 2015, avec le titre suivant : Jérôme Zonder face à la violence de l’histoire