Rétrospective, l’exposition que consacre le musée Cantini à Jean Paul Riopelle est l’occasion de revisiter l’œuvre de ce Québécois qui a su s’imposer sur la scène internationale dès l’après-guerre.
Avec son abondante crinière, ses yeux cernés de noir, le regard sombre et cette façon qu’il avait de fumer la pipe et de brasser l’espace, Jean Paul Riopelle (1923-2002) avait tout d’un aventurier au grand cours. Il l’était d’ailleurs et, il adorait raconter ses chasses au caribou dans le Grand Nord canadien en compagnie de René Char.
Né à Montréal en 1923, installé en France pendant une trentaine d’années, Riopelle, qui n’a jamais cessé de partager son temps entre les deux rives de l’Atlantique, était une vraie nature. De celle qui s’enracine à la terre et y puise de quoi se nourrir.
Au départ, l’abstraction lyrique
Diplômé en 1945 de l’École du meuble, il se lie d’amitié avec son professeur, Paul-Émile Borduas, auteur en 1948 d’un manifeste dit du Refus global qui défend l’idée d’un art sans préalable. Riopelle, qui forme avec quelques amis le groupe des Automatistes, est le premier à le signer.
Après une période marquée par le surréalisme, l’artiste qui va et vient entre Paris et le Québec et qui connaît très vite le succès développe un style de peinture très personnel où la couleur, posée par petites touches carrées, noie le regard dans une féerique abstraction cristalline.
Installé par la suite à la campagne, il y décline peintures, collages, gravures et sculptures qui sont chaque fois l’occasion de nombreuses expériences plastiques et matériologiques. Si toutes sortes de figures animalières peuplent peu à peu son œuvre, notamment la chouette, son animal de prédilection, nombre de ses peintures réfèrent plus ou moins explicitement à des motifs de paysage, avouant une passion irrépressible pour la nature. Comme l’atteste son retour définitif au Canada, en 1992, après la mort de Joan Mitchell, sa compagne de près de trente ans, à laquelle il dédie une imposante fresque en forme d’Hommage à Rosa Luxembourg.
Constituée d’œuvres issues des collections de Power Corporation du Canada et du musée des Beaux-Arts de Montréal, l’exposition marseillaise témoigne avec jubilation d’un tel foisonnement. Elle est surtout le reflet de la quête de la liberté que l’artiste s’est octroyée tout en ingérant les avatars d’une histoire de l’art d’après-guerre mêlant abstraction, expression et matiérisme.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Jean Paul Riopelle, naturalisé abstrait
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°587 du 1 janvier 2007, avec le titre suivant : Jean-Paul Riopelle