Noire de jais, noire de suie, charbonnée, bitumeuse, l’œuvre de Jean-Paul Marcheschi se veut et s’assume clairement du côté de l’obscurité.
Dans un ouvrage qu’il consacre à Goya, l’artiste ne déclare-t-il pas : « L’obscur n’est jamais une destruction. Il est au contraire l’indice d’une lucidité extrême. » Son atelier parisien est saisissant de présences sombres et ténébreuses, « noyé dans une noirceur tant d’encre que d’enfumage… », ainsi que l’écrit Philippe Piguet, collaborateur de L’Œil, dans un bel ouvrage, 11 000 portraits de l’humanité ou La Mathématique du feu, qui vient de sortir aux éditions Art3. Étonnante surprise, cette exposition à Cholet apparaît claire, lumineuse même ! Bien sûr, chaque œuvre, regardée individuellement, reste sombre, parfois ténébreuse. Mais l’accrochage, dans deux vastes salles d’une blancheur éclatante, instaure de sensibles résonnances entre peintures et sculptures. Le Lac noir (non daté), Le Lac du sommeil et de l’oubli (2009), La Constellation du serpent (2012) ou les 25 m2 de cimaises recouvertes de portraits (2011-2014) se dévoilent ici comme de vives et mystérieuses présences. Depuis plus de trente ans, Marcheschi a instauré un dispositif immuable pour créer ses peintures. Chaque matin, il commence sa journée en couvrant d’écriture des feuilles perforées de 21 x 29,7 cm. Puis il entreprend un travail de recouvrement du papier avec de la suie de bougies, de la cire et de la gouache noire, blanche et rouge. À l’aide de ses flambeaux, ses « pinceaux de feu », le peintre fait surgir des présences – 11 000 portraits de l’humanité –, qui ne peuvent que renvoyer chaque spectateur à ses propres rêves et/ou cauchemars… d’humanité.
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Jean-Paul Marcheschi
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°676 du 1 février 2015, avec le titre suivant : Jean-Paul Marcheschi