Jean-Charles Blais tricolore

À Paris, les usagers de la ligne de métro n°12 qui passent à la station Assemblée Nationale n’ont évidemment pas manqué de repérer l’intervention qu’y a faite Jean-Charles Blais. Voilà bientôt dix ans que ses grandes têtes colorées ornent tout du long les cimaises de la station. Une intervention dynamique et très réussie dont le programme est sujet à transformation périodique. Est-ce l’exemple de la capitale qui a persuadé le préfet des Alpes-Maritimes en poste l’année dernière de demander à Blais d’intervenir dans le vestibule du Palais de la Préfecture ? Est-ce la sollicitation de la galerie Catherine Issert de Saint-Paul de Vence, promoteur du projet ? L’histoire ne le dit pas. Peu importe, d’ailleurs : le résultat est tout aussi concluant. On ne le sait pas toujours mais Jean-Charles Blais compte plusieurs interventions murales de ce genre à son actif. Tant publiques que privées. À Nice, c’est sur le mode de « Trois mots, trois couleurs » – liberté, égalité, fraternité, d’une part et mettre/bleu, blanc, rouge, de l’autre – qu’il a tout naturellement choisi de travailler. Il a recouvert les murs du vestibule d’un papier peint alterné aux trois couleurs et transformé les portes en autant de miroirs sur lesquels ont été gravés à l’envers la triade républicaine. Le visiteur est ainsi confronté à un jeu d’espaces et de reflets qui s’abîment dans la figuration réelle et virtuelle du symbole drapé selon un mode esthétique qui conjugue magnifiquement manière suprématiste et façon matissienne. Une commande prise au pied de la lettre et de la couleur, en quelque sorte, qui fait d’un banal vestibule préfectoral un lieu haut en couleur de l’art contemporain.