« Je rêvais… d’un autre monde »

Ce sont de tels mondes qu’ont réunis au Mudam les deux commissaires Marie-Noëlle Farcy et Clément Minighetti. Et la liste d’une vingtaine de « bâtisseurs » est alléchante, rassemblant des maîtres en ingénierie comme l’Américain Chris Burden, constructeur d’un impressionnant pont mexicain en pièces de Meccano, le jeune Français Vincent Ganivet et ses arches de parpaing, le Portugais Miguel Palma en faiseur d’univers et de véhicules motorisés ou le Belge Panamarenko toujours prompt à réaliser de nouvelles machines.

Au centre de ces mondes trône une incroyable machinerie. Celle du jeune Britannique Conrad Shawcross, largement méconnu de ce côté-ci de la Manche, est intitulée The Nervous System Inverted et restera en place jusqu’en mai. Sous la verrière de Pei, des dizaines de bobines de fil se déploient en constellations colorées, réparties selon une mécanique et un système complexe qui prolifère dans tout l’espace, ceint par deux escaliers en colimaçon. Tout cela pour tisser une grosse corde multicolore qui fonctionne comme la métaphore du système ordonnancé d’un monde qui finit dans l’emmêlement. Lui répond comme un écho Table and Airplane Parts (1990), monumental agglomérat de gros morceaux d’avions et de tables de l’Américaine Nancy Rubins. Ce noyau de mondes en gestation paradoxalement érigés sur nos rebuts montre que ces nouveaux mondes relèvent parfois du cauchemar.