Au commencement était le jardin d’Éden…. Tout aussi paradisiaques sont les jardins d’artistes présentés par la Royal Academy of Arts de Londres.
Organisée de façon thématique, l’exposition guide le visiteur tout au long de l’évolution du thème du jardin au sein de l’art moderne. Parmi les cent vingt œuvres proposées, trente-cinq sont de Monet. C’est qu’il fut sans doute le peintre des jardins le plus important de l’histoire de l’art. Sa première œuvre majeure, Femmes au jardin (1867), marque la naissance des jardins impressionnistes qui atteignirent leur apogée dans les toiles peintes à Giverny. Presque tous les artistes, français ou étrangers, rassemblés autour de Monet, s’intéressèrent ensuite aux jardins et aux parcs. Ceux de Bonnard avaient des allures de « jungle paradisiaque », tandis que Vuillard peignait les jardins intimes de ses amis. Pissarro s’intéressait aux harmonies colorées des potagers villageois, et c’est dans les jardins de Montmartre que Renoir entreprit ses tableaux les plus célèbres. Tissot peignait dans son jardin de Londres inspiré du parc Monceau et, près de Berlin, Max Liebermann cultivait le sien tout en le peignant. A contrario, les jardins de Cézanne représentant le Jas de Bouffan ou ceux de Van Gogh participèrent du mouvement réagissant contre l’impressionnisme à partir de 1880. Au tournant du XXe, les avant-gardes tels Matisse, Nolde, Kandinsky, Macke ou Klee adoptent une approche plus subjective et envisagent le jardin comme un rêve visionnaire. Au début du XXe, la série des Nymphéas et surtout les dernières grandes décorations annoncent les courants abstraits américains à venir. Une importante sélection de ces toiles réalisées entre 1895 et 1922 constitue le temps fort de cette exposition. Elle montre tout d’abord le bassin dans son environnement large, avec l’arche du pont japonais à laquelle répond son reflet avec les arbres qui l’entourent. Le plan se resserre sur les plantes aquatiques aux couleurs chatoyantes qui se mêlent à la surface de l’eau et se reflètent sous le pont. Progressivement, il opère un focus sur les nymphéas, comme un zoom photographique. À la fin, dans l’impressionnant triptyque elliptique réuni à Londres pour la première fois, il ne reste qu’un « miroir d’eau » qui n’a plus de ciel ou seulement son reflet, plus de relief et plus de repères spatiaux pour le spectateur qui se sent submergé.
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Jardin Royal !
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Abonnez-vous dès 1 €Royal Academy of Arts, Burlington House, Londres (Grande-Bretagne), www.royalacademy.org.uk
Légende photo
Claude Monet, Nympheas, 1914-1915, huile sur toile, 160,7 x 180,3 cm, Portland Art Museum, Oregon. © Photo : Portland Art Museum, Portland.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°688 du 1 mars 2016, avec le titre suivant : Jardin Royal !