Sylvie Fanchon l’affirme d’emblée : « Je me moque de toute aspiration à la grandeur. » Et poursuit avec une détermination à fleur de peau : « Je peins des tableaux plats, lisses.
Ce qu’on voit, on le voit simplement, il n’y a pas de mystère, il n’y a pas de profondeur. » C’est vrai et, pourtant, ce n’est pas si simple, heureusement ! Ses peintures murales éphémères et ses acryliques sur toile, toujours bichromes, se déploient sur les murs des couloirs et des salles comme une mise en perspective de chaque œuvre en judicieuse intelligence avec les dimensions réduites des espaces domestiques du premier étage du château de Mouans. Ce parcours formel et chromatique se révèle riche en présences et en interrelations chargées d’humour et d’ironie caustique. Des phrases très ordinaires, parfois difficilement déchiffrables, apparaissent sur toutes les peintures murales et sur presque toutes les toiles. L’artiste, évoquant son « assistant personnel intelligent » Cortana, explique : « Suite à une expérience fort singulière, mon téléphone s’adresse à moi de façon aléatoire, en me proposant de l’aide, un soutien, des idées, tout ceci d’une voix suave, j’ai trouvé là un ensemble de phrases dont je fais le sujet de mes peintures actuelles. “Que puis-je faire pour vous aider ?” Bel objectif d’une intelligence artificielle attentive à mon bien-être. » Née en 1953 à Nairobi (Kenya), aujourd’hui parisienne et professeure de peinture à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, l’artiste aime déjouer avec intelligence et fantaisie toute catégorisation.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°722 du 1 avril 2019, avec le titre suivant : « J’ai toujours aimé les sujets bêtes »