Art contemporain

Jacqueline Mesmaeker, l’élégance à la belge

La Verrière Hermès - Jusqu’au 30 mars 2019

Par Pauline Vidal · L'ŒIL

Le 21 février 2019 - 307 mots

BRUXELLES / BELGIQUE

Totalement inconnue en France, artiste rare et discrète dans son propre pays, l’artiste belge Jacqueline Mesmaeker jouit d’une belle mise en lumière sous la Verrière Hermès.

S’apprêtant à souffler ses quatre-vingt-dix bougies, elle déploie depuis cinquante ans une œuvre conceptuelle aux confins du visible et de l’invisible. Saluée pour son talent à s’inscrire dans un lieu, elle propose ici une intervention minimaliste d’une grande élégance. Tout un art du « presque rien ». La référence mise à l’honneur, Versailles, est pourtant de taille. Convoquer ce symbole de l’absolutisme français et d’une certaine image de la France dans un magasin Hermès, symbole quant à lui d’une certaine excellence à la française, ne relève probablement pas du hasard. Pour ce faire, deux images insérées dans un cadre doré se font face : d’un côté, une photographie en noir et blanc d’une campagne déserte intitulée Versailles avant sa construction, et de l’autre, un vieux miroir sur lequel on peut lire « Versailles après sa destruction », suggérant l’image d’une grandeur illusoire qui s’en est allée. L’évocation d’une catastrophe injecte dans l’approche conceptuelle de Mesmaeker une petite touche de romantisme, mais aussi d’ironie et de subversion qu’il serait tentant de rattacher à un certain état d’esprit frondeur, à la belge. Ce goût de l’insoumission et de la mise à nu des fastes du pouvoir se retrouve au centre de l’exposition, au sein des trois vitrines qui renferment respectivement une poire pétrifiée, tel un lointain écho aux caricatures de Louis-Philippe par Daumier, un dépliant touristique sur Versailles annoté par l’artiste de manière quasi imperceptible, ou encore des bourses en tissu dont la connotation sexuelle n’est que trop évidente. Et, comme pour pointer encore combien on ne voit pas ce que l’on voit, Jacqueline Mesmaeker a discrètement inséré des Intrusions roses, de fines bandes de tissu couleur rose bonbon, dans les fentes des murs de la Verrière.

« Jacqueline Mesmaeker »,
La Verrière Hermès, 50, boulevard de Waterloo, Bruxelles (Belgique), www.fondationdentreprisehermes.org

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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°721 du 1 mars 2019, avec le titre suivant : Jacqueline Mesmaeker, l’élégance à la belge

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