Istanbul, ville-miroir

Celui que l’on a très joliment surnommé « l’œil d’Istanbul » n’a eu de cesse depuis trois quarts de siècle d’explorer le moindre recoin de sa ville et de ses habitants. Sous son regard pétri de tendresse et d’humanisme, on croise cette femme en fichu qui dit au revoir à son époux à travers l’oculus d’un paquebot, cette petite fille qui se balade avec sa poupée au milieu des ruines romaines, ce tramway serpentant sous la neige, et ce pont de Galata noir de monde qui dessine avec orgueil un trait d’union entre l’Europe et l’Asie. Référence absolue pour l’histoire de la photographie turque, Ara Güler est aussi l’artiste à partir duquel on choisit de se définir. Aux antipodes de ces clichés atemporels et poétiques, le jeune photographe d’origine turco-néerlandaise Ali Taptik dévoile un Istanbul en pleine mutation, électrique, hybride, juvénile, un pied en Orient, l’autre en Occident. Le regard qu’il pose sur sa ville est, lui aussi, sans concessions mais demeure infiniment poétique. Sublimé par un travail extraordinaire sur la couleur, « son » Istanbul est un monstre urbain en constante renaissance. On ne manquera pas non plus l’installation de l’artiste française Sophie Calle qui a demandé à des Stambouliotes de décrire leurs impressions face à la mer qu’ils voyaient pour la première fois. Le résultat est tout simplement magnifique…