Après la mort de Ferdinand-Philippe, duc d’Orléans et fils aîné du roi, en 1842, Louis-Philippe fait immédiatement ériger une chapelle sur les lieux mêmes de l’accident, route de Neuilly, dans la plaine des Sablons, et demande à Ingres de concevoir les vitraux. En quelques mois, l’artiste s’acquitte de sa commande : 17 « cartons » peints à l’huile sur toile, aux dimensions des vitraux. En dehors des trois tondos représentant les vertus théologales, le reste du cycle est consacré aux saints patrons de la famille royale. Saint Ferdinand, roi de Castille et de Léon porte les traits du duc, tels qu’ils apparaissent sur le magnifique portrait que l’artiste avait peint peu de temps auparavant. Toutes les figures devaient se détacher sur un fond bleu qui, faute de temps, ne fut passé que sur cinq des cartons. Ingres interprète l’esthétique néo-gothique alors en vigueur pour ce genre de représentations, tout en intégrant des éléments romano-byzantins. La précision archéologique de certaines figures contraste avec le parti de clarification des formes et du dessin, mais aussi du coloris, habituel chez Ingres, et poussé plus loin encore ici. Il rejette les effets illusionnistes propres à la peinture de chevalet qui étaient courants dans les vitraux de l’époque. Ses compositions stylisées sont parfaitement adaptées à un type de vitrail mis au point à Sèvres, où le verre blanc est peint au pinceau avec des couleurs fluides. Mais malgré toutes ces qualités, cette suite est inégale. Le tempérament artistique d’Ingres s’accommode mal de ces figures hiératiques, et n’éclate qu’en de rares morceaux : le merveilleux Saint Raphaël archange, qui doit tant au peintre homonyme de la Renaissance, ou encore L’Espérance, si typiquement ingresque, avec ses anomalies anatomiques et le vert éclatant de son drapé. Louis-Philippe fit de nouveau appel à l’artiste pour les vitraux de la chapelle royale de Dreux, dédiée à saint Louis. Huit nouveaux cartons furent peints, dans le même esprit que les précédents, mais dans un coloris plus dense. Les deux séries entrèrent dès 1874 au Musée du Louvre, où elles furent longtemps oubliées, puis partiellement montrées. C’est aujourd’hui l’occasion de les voir dans leur intégralité.
- PARIS, Musée du Louvre, salle de la Chapelle, tél. 01 40 20 51 51, 24 mai-23 septembre.
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Ingres et le vitrail
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°537 du 1 juin 2002, avec le titre suivant : Ingres et le vitrail