Le Palais Lumière d’Évian propose la première rétrospective consacrée à la Société nouvelle fondée par l’écrivain Gabriel Mourey dans le but de rassembler un groupe d’artistes venus des salons, désirant surtout exposer entre amis à l’écart des peintres académiques.
Ce groupe fut baptisé « La Société nouvelle des peintres et sculpteurs », en écho aux visions du siècle nouveau, après les rêveries symbolistes de la décennie passée : « La culture du beau, l’art populaire, l’art du jardin et du paysage, mais au centre de chaque chose, la vie… sans laquelle toute création serait vaine. » Cette confrérie se constitua d’une vingtaine d’artistes étrangers et français aux visions relativement proches. Presque tous étaient de la même génération, nulle théorie commune ne les animait, mais chacun d’entre eux partageait cette conception sentimentale de la nature. C’est ainsi qu’ils furent qualifiés d’« Intimistes ». Le mouvement rassemblait Henri Le Sidaner, chantre de la douceur de vivre, du temps suspendu, Henri Martin, peintre des atmosphères diffuses et secrètes, Edmond Aman-Jean, portraitiste féminin, le peintre flamand Émile Claus, interprète du paysage plat, humide et vaporeux, Henri Duhem, Frits Thaulow, spécialiste des remous aquatiques, Jacques-Émile Blanche, portraitiste mondain, ainsi que les peintres dits « de la Bande noire » qui, séduits par les contrastes violents du pays breton, exposaient des œuvres aux couleurs sombres : Charles Cottet, fidèle à une inspiration âpre, Lucien Simon, témoin privilégié de la vie quotidienne, René Ménard, excellent dans les grandes décorations bucoliques, Eugène Carrière, dont l’œuvre évoque l’amitié, l’enfance, l’amour maternel, André Dauchez, peintre des plaines et des crépuscules, et René-Xavier Prinet, moderne lorsqu’il peint les plages, notamment celle de Cabourg. Et le dernier arrivé, le portraitiste John Singer Sargent. Leur première exposition eut lieu en avril 1900 dans la salle principale de la Galerie Petit. Ce fut un énorme succès. La Société nouvelle, en alliant un extraordinaire succès public à la reconnaissance critique, fut le groupe artistique le plus célèbre et le plus dominant de la Belle Époque. Avant que les avant-gardes ne dévorent tout.
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°723 du 1 mai 2019, avec le titre suivant : Impressionnistes tardifs