Images d’archives, images médiatiques

Le projet découle d’une réflexion collective sur le 7-Octobre et le flux d’images qu’il a généré selon la co-commissaire Sophie Potelon. Sven Augustijnen (né en 1970) expose une installation monumentale de magazines Paris Match des années 1960-1970, sans commentaires. Le seul lien entre les articles est la présence d’un fusil fabriqué en Belgique, utilisé par les armées ou les milices, notamment en Afrique. En regard, l’exposition montre de grands dessins de Nidhal Chamekh (né en 1985) qui relisent l’histoire de la Méditerranée à l’aune de la colonisation, avec en toile de fond le poème d’Édouard Glissant « Et si Carthage » (2005). Éléphants, sculptures assyriennes et portraits d’esclaves y composent un univers légèrement dystopique. La dystopie affleure aussi dans le film d’Oraib Toukan, artiste palestino-jordanienne (née en 1977), où le montage d’images « récupérées et compilées » illustre, pour Sophie Potelon, le récit de la vie sous les bombardements israéliens de 2021. Les natures mortes décalées de Banele Khoza (né en 1994) et les photographies faussement banales de Gaza par Rehaf Al Batniji (née en 1990) invitent les visiteurs à ne pas tenir pour acquis le statut des images. Un long film de Naeem Mohaiemen (né en 1969) sur les pays non-alignés des années 1970 s’interroge avec nostalgie sur les utopies politiques. Selon Sophie Potelon, « le film fait un usage habile des images d’archives et du son pour imaginer un autre dénouement politique » à la guerre froide. Les images d’archives demeurent exceptionnelles par leur force visuelle et leur charge politique.