PARIS
C’est l’un des grands livres de l’un des poètes majeurs du XXe siècle : Nadja, d’André Breton (1928).
L’inventeur du surréalisme y fait le récit d’une rencontre fortuite, le 4 octobre 1926, avec une jeune femme dont la beauté arrête son regard. « Je n’avais jamais vu de tels yeux », écrit le poète. Cette femme, c’est Nadja, un faux nom qu’elle s’est choisi parce que, dit-elle, « en russe, c’est le commencement du mot espérance ». Avec elle, Breton passera neuf jours passionnels. Le livre fait le récit de ces journées, comme il fait le portrait de Nadja, internée dans un asile en 1927 après un épisode d’hallucinations survenu après sa rupture avec Breton. Dans l’une de ses lettres, Nadja demande au poète de tirer un texte de leur relation amoureuse : « André !… Tu écriras un roman sur moi. Je t’assure. Ne dis pas non. Prends garde : tout s’affaiblit, tout disparaît. De nous il faut que quelque chose reste », insiste Nadja. Si l’on sait aujourd’hui que Nadja s’appelait Léona Delcourt, née en 1902 et morte de famine en 1941 dans un asile, son existence n’est réapparue que petit à petit, au gré des découvertes. Comme, en 2003, lorsque ses lettres et ses dessins réapparaissent lors de la vente Breton à Drouot. Toutefois, il restait encore le manuscrit original du livre, que l’on pensait disparu… Jusqu’à ce qu’il refasse surface, à son tour, en 2015, lors de la vente de la bibliothèque de Pierre Bergé. Classé Trésor national, ce manuscrit a été acquis pour 2 millions d’euros en 2017 par la Bibliothèque nationale de France. C’est là qu’il est aujourd’hui présenté, dans une exposition, étonnamment la première à s’y intéresser, sur la genèse du mouvement surréaliste, « Des Champs magnétiquesà Nadja». Une salle entière est consacrée à Nadja et au manuscrit. Car sa découverte est importante : non seulement elle révèle que le poète a écrit son manuscrit en quinze jours à peine, mais elle apporte des informations nouvelles sur Nadja grâce aux souvenirs (dessins, lettres…) que le poète avait rassemblés sur neuf feuillets adjoints au manuscrit, et dont personne n’avait jusqu’à 2015 connaissance. C’est ainsi que l’histoire de Léona Delcourt, alias Nadja, apparaît au grand jour, comme la naissance du mouvement surréaliste, un an après la parution des Champs magnétiques.
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Il était une fois, Nadja
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°742 du 1 mars 2021, avec le titre suivant : Il était une fois, Nadja