L’Hôtel de la Monnaie, à Paris, présente une sélection de quelque 50 icônes russes et 20 revêtements d’argent de la collection Ambroveneto, exposée pour la première fois à Venise en 1996. Plusieurs pièces maîtresses y figurent, telle La descente aux Enfers de l’École de Novgorod, classée chef-d’œuvre du patrimoine mondial. Cette manifestation s’inscrit dans un contexte général de redécouverte des icônes, également à l’honneur à la Royal Academy de Londres.
PARIS - Déposées dans les musées soviétiques ou cachées au cœur des monastères orthodoxes, les icônes sont longtemps restées difficiles d’accès. Jusqu’à la dernière décennie, elles étaient largement ignorées des historiens de l’art, qui les jugeaient répétitives, statiques, dérivant de quelques modèles byzantins immuables. Depuis l’ouverture des pays de l’Est et les besoins en capitaux de leurs musées, les expositions se sont multipliées, et l’Occident montre un net regain d’intérêt pour cet art, certes fondé sur des codifications strictes mais qui présente de nombreuses innovations au cours des siècles et d’importantes spécificités régionales.
C’est ce que l’Hôtel de la Monnaie invite à découvrir, à travers 50 panneaux peints du XIIIe à l’aube du XXe siècle, choisis dans l’un des principaux fonds européens, la collection Ambroveneto, accompagnés d’une vingtaine de précieux cadres métalliques ciselés ou estampés. Dans une première partie, une quinzaine d’œuvres donne au visiteur un éclairage exhaustif sur les grands thèmes iconographiques russes, qu’il faut rattacher au phénomène de l’iconostase, cette cloison de chœur ornée de figures bibliques et évangéliques réparties selon un schéma traditionnel. On y trouve les différents types de représentations canoniques du Christ, de la Vierge et des saints, ainsi que les fêtes religieuses, de l’Annonciation à la Dormition de la mère de Dieu, en passant par la Mi-Pentecôte.
Un art dans le siècle
Le parcours se poursuit ensuite par école et selon un fil chronologique. Le centre de Novgorod au XVe siècle, tourné vers les aspects concrets du réel, est particulièrement bien représenté, de même que le XVIIIe siècle, où la peinture achève son infléchissement naturaliste et narratif. À cette époque, les motifs ornementaux se multiplient également, jusque dans l’apparition de revêtements d’orfèvrerie. En parallèle, à Londres, la Royal Academy montre comment les icônes moscovites des XVe et XVIe siècles ont accompagné le développement de l’identité russe impériale, autour des œuvres de deux figures majeures : Roublev et son successeur Dionysii.
ICÔNES DE TOUTES LES RUSSIES, DU XIIIe AU XIXe SIÈCLE, jusqu’au 31 mai, Hôtel de la Monnaie, 11 quai de Conti, 75006 Paris, tél. 01 40 46 58 90, tlj sauf lundi et 1er mai 11h-17h30, jeudi 11h-20h, entrée 35 F, catalogue 180 F.
L’ART DE LA SAINTE RUSSIE, ICÔNES MOSCOVITES, 1400-1660, jusqu’au 14 juin, Royal Academy, Burlington House, Picadilly, Londres, tél. 44 171 439 7438, tlj 10h-18h.
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« Iconomania » européenne
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°59 du 24 avril 1998, avec le titre suivant : « Iconomania » européenne