Une forêt de socles et de cubes transparents, une gymnastique de visite un peu spéciale... Le spectateur se retrouve tour à tour penché sur une vitrine à scruter une minuscule sculpture, accroupi pour dévisager une poupée en bois de 52 cm du Japonais Tomaoki Suzuki représentant une employée en train de « textoter », une hauteur idéale pour saisir le monde ? Peut-être.
Question d’échelle
Les questions de perception, de points de vue et de priorités de perspectives abondent dans le parcours tout en accumulation. Cette profusion laisse alors le choix de déambuler et de s’approprier (du regard) Terre, remarquable dessin du surréaliste Matta, rehaussé de gouache et de collages en 13,5 x 14 cm. Car oui, la taille compte. « À l’heure d’Internet, on se rend compte qu’on n’a plus du tout de rapport d’échelle, tout n’est plus que représentation », résume Alexis Vaillant. Voici l’un des enjeux de « BigMinis » : réaliser, se mesurer, expérimenter le très petit. Et les trouvailles sont nombreuses, c’est là l’un des autres points forts de l’exposition, le foisonnement parfois hystérique de découvertes comme Richard Pettibone. Ce peintre s’est mis au milieu des années 1960 à dupliquer en miniature des œuvres contemporaines. Ainsi, Frank Stella, adepte des très grands formats, s’est-il retrouvé reproduit sur 22 cm. Un appropriationnisme de la première heure étonnant qui n’hésite pas à assembler un Warhol avec un Stella dans un collage mini mais au choc de valeurs maximum !
Les sœurs Takada ont réalisé, quant à elles, la plus petite œuvre de l’exposition : 7 millimètres qui ne garantissent pas à une mini-paire de bottes d’être la proposition la plus intéressante, mais assurément la plus singulière. Un savoir-faire à la limite de la psychopathologie qui leur permet de réaliser un sac dans un fond d’emballage de chewing-gum : le grand art serait donc affaire de dextérité ! Il s’agira surtout d’impertinence à l’image d’une Joke Painting de Karl Holmqvist, un tableau noir sur lequel s’inscrit en anglais, un échange existentiel : « Mon fils aurait pu le faire », « Oui, ben il l’a pas fait ». Et toc !
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Hystérie collective
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°631 du 1 janvier 2011, avec le titre suivant : Hystérie collective