Cinéma

Hors Pistes et haute mer

Par Frédéric Bonnet · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2017 - 409 mots

Les traversées sont à l’honneur au Centre Pompidou avec un festival proche des enjeux actuels.

PARIS - Il souffle un vent frais au Centre Pompidou, à Paris, car semble s’y être engouffré un air marin qui entraîne le visiteur vers le Forum -1. Comme chaque année le festival Hors Pistes y a pris ses quartiers, avec cette année une 12e édition sur le thème des « Traversées », qui se montre sous un jour poétique, mais aussi politique, social et environnemental.

Ainsi formulée l’entreprise pourrait paraître un rien ambitieuse, surtout compte tenu du format. Mais c’est justement l’une des réussites de cette programmation imaginée par Géraldine Gomez, que d’aborder de lourdes problématiques sans jamais verser dans le discours comminatoire, tout en assumant également une dimension théâtrale et fictionnelle. Le tout dans un accrochage qui, bien que dense, laisse exister pour elles-mêmes la quinzaine d’œuvres exposées, dont beaucoup sont des installations.

De la poésie aux sujets de société
Dans un tel contexte, la problématique toujours aussi aiguë des migrations se taille une part non négligeable, avec des approches bien diverses : lorsque Jean-Marc Chapoulie montre des images de littoraux enregistrées par des caméras de surveillance sur lesquelles Nathalie Quintane déroule en voix off un récit écrit à partir de durs témoignages de migrants, c’est une vision plus poétique de la traversée qui est mise en scène par le duo Silvia Maglioni & Graeme Thomson qui, prenant pour base L’Amérique de Franz Kafka, propose une traversée fictionnelle. Pertinent, Raphaël Faon a aligné des photographies floutées d’embarcations de migrants provenant de ralentissement d’images télévisuelles, qui interpellent par leur très curieuse consistance.

Si Thomas Lévy-Lasne aborde en peinture la question des déchets rejetés par la mer, Virgile Fraisse interroge par le biais de la métaphore les outils de communication électroniques et le transit des données qui nécessitent l’installation de câbles en haute mer.

Mais la traversée, c’est aussi une expédition. Marcus Lindeen s’est emparé du sujet en revisitant l’expérience d’une traversée de l’Atlantique en cent jours par cinq hommes et cinq femmes au début des années 1970 grâce à la reconstitution du bateau de l’époque .

Bien entendu cet accrochage n’est qu’un hors-d’œuvre au copieux programme du festival – au total quelque quatre-vingts artistes et intervenants – qui, chaque soir accueille dans les salles de cinéma des rencontres, projections et performances, avec des thématiques aussi diverses que la piraterie ou « Les routes marines de l’Internet », dans une ouverture de champ toujours bienvenue.

HORS PISTES 2017. TRAVERSÉES

Jusqu’au 12 février, Centre Pompidou, place Georges Pompidou, 75004 Paris, tél. 01 44 78 12 33, www.centrepompidou.fr, tlj sauf mardi 11h-21h, entrée libre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°472 du 3 février 2017, avec le titre suivant : Hors Pistes et haute mer

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