Hommage à Ger Luijten

La Fondation Custodia rend hommage à son emblématique directeur, Ger Luijten. Sa disparition brutale fin 2022 à la suite d’une rupture d’anévrisme avait laissé en émoi le monde de l’art français comme néerlandais, dont il était une figure aussi sympathique qu’incontournable. Professeur de dessin ayant entrepris des études d’histoire de l’art sur le tard, il s’est fait remarquer au Musée Boijmans de Rotterdam avant de mettre son talent au service du Rijksmuseum, à Amsterdam.

Ses publications de référence et ses expositions originales l’ont consacré comme l’un des meilleurs connaisseurs de la gravure et du dessin anciens, et lui ont ouvert les portes de la Fondation Custodia. Le lieu abrite en effet l’une, si ce n’est la plus importante, collection privée d’arts graphiques. Nommé à la tête de cette maison en 2010, il rénove et restaure le site et complète activement la collection.

La fondation présente un florilège des plus belles pièces achetées au cours de ce mandat prolifique durant lequel il a acquis 10 000 numéros en 12 ans ! L’exposition en dévoile 150, révélateurs de ses goûts et de l’ouverture d’esprit qu’il a voulu insuffler. La gravure et le dessin ancien sont en effet à l’honneur mais aussi les esquisses peintes du XIXe siècle et la création contemporaine.

Doté d’un budget d’acquisition confortable et d’un œil très sûr, Ger Luijten a su dénicher des pépites de la main de célèbres artistes mais aussi de talentueux anonymes. Une de ses toutes dernières acquisitions a permis de faire entrer dans la collection une feuille spectaculaire du Maître des albums Egmont. Ce dessin exécuté à la fin du XVIe siècle détonne par ses grandes dimensions, sa composition architecturée et sa fraîcheur intacte.

En acquérant cette feuille, le conservateur voulait faire avancer la connaissance sur un artiste mystérieux. Ce dernier est anonyme et désigné par un nom de convention. On sait seulement qu’il était actif aux Pays-Bas à la fin de la Renaissance et qu’il travaillait sans doute à des œuvres décoratives. La récente étude du dessin tend en effet à le rapprocher de tapisseries tissées à Bruxelles à la même époque.