PARIS - Probablement née entre le VIIe et le IXe siècle (date des premiers écrits mentionnant son nom) comme symbole de la résistance celte contre les envahisseurs anglo-saxons, la légende du roi Arthur et des chevaliers de la Table ronde est devenue une source intarissable d’inspiration, donnant naissance à une abondante production littéraire communément regroupée sous le vocable de « littérature arthurienne ».
L’Histoire des rois de Bretagne et la Vie de Merlin (avant 1138) de Geoffroy de Monmouth et, surtout, les ouvrages de Chrétien de Troyes dans les années 1170-1180 ont fait du roi conquérant un véritable mythe. Les copistes et enlumineurs du Moyen Âge se sont nourris des épopées relatées dans les romans de la Table ronde pour élaborer de nombreux et luxueux ouvrages. Démonstration aujourd’hui à la Bibliothèque nationale de France (BNF) qui dévoile quelques-uns de ses trésors autour du mythe arthurien. Les précieux manuscrits enluminés sont présentés aux côtés de sculptures, objets d’art – parmi lesquels des ivoires prêtés par le Musée du Louvre –, tableaux préraphaélites, gravures, affiches de films, jusqu’aux hilarantes productions des Monty Python. Il s’agit du deuxième volet d’une manifestation qui a commencé à l’été 2008, aux Champs Libres à Rennes, et se poursuivra au printemps 2011 à la Médiathèque de l’agglomération troyenne (Troyes, Aube).
Dessin à la plume
La scénographie fait appel à une multitude d’outils (bornes interactives, projections, jeux de lumière, décors rappelant les grands épisodes des romans de la Table ronde, pupitres pour exposer les manuscrits comme de vieux grimoires magiques…) pour créer un parcours des plus ludiques, avec un soin particulier porté aux installations tactiles pour les non-voyants et à la diffusion de textes sonores pour les malentendants. L’ensemble recrée l’ambiance de la forêt de Brocéliande dans laquelle le visiteur se perd pour voir surgir de véritables chefs-d’œuvre de l’enluminure médiévale, à l’image de cet exemplaire de la Compilation arthurienne exécuté pour le bibliophile Jacques V d’Armagnac, ouvert sur une illustration de l’apparition du Graal. Parmi les pièces d’exception, citons le premier portrait du roi Arthur, un dessin à la plume réalisé en marge d’une page consacrée à l’élection du roi, extraite d’un exemplaire de L’Histoire des rois de Bretagne de Geoffroy de Monmouth. Arthur y est représenté sous les traits d’un souverain sage et réfléchi, contrairement à l’image qu’en donne, quelques décennies plus tard, une page du Miroir historial – encyclopédie latine composée en vers en 1260 par Vincent de Beauvais – où l’enlumineur Guillaume Vrelant a représenté le combat du roi contre un géant. Ce « roi conquérant capable de vaincre l’empereur de Rome et d’imposer la foi chrétienne à l’Angleterre […], ce souverain cultivé et généreux dont la cour attire l’élite de la chevalerie, en quête d’aventure », comme le décrit Thierry Delcourt, commissaire de l’exposition, offre un prétexte idéal pour révéler au public un nouveau pan de l’exceptionnelle collection du département des Manuscrits de la BNF.
LA LÉGENDE DU ROI ARTHUR, jusqu’au 24 janvier 2010, Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, quai François-Mauriac, 75013 Paris, tél. 01 53 79 49 49, www.bnf.fr, tlj sauf lundi et jours fériés 10h-19h, dimanche 13h-19h. Catalogue, coéd. BNF-Seuil, 288 p., 288 ill., 39 euros, ISBN 978-2-02-100975-0
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Histoire d’un mythe
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Abonnez-vous dès 1 €LA LÉGENDE DU ROI ARTHUR
Nombre d’œuvres : 140
Commissariat : Thierry Delcourt, directeur du département des Manuscrits à la BNF
Scénographie : agence MAW (Flavio Bonuccelli et Philippe Maffre) et agence CL Design
Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°313 du 13 novembre 2009, avec le titre suivant : Histoire d’un mythe