Art contemporain

Hiramatsu Reiji

Hiramatsu, le passeur japonais de l’impressionnisme 

Par Élisabeth Santacreu · Le Journal des Arts

Le 11 octobre 2024 - 351 mots

Le peintre nippon a découvert le japonisme à travers Monet dont il transmet l’esthétique à ses compatriotes.

Giverny (Eure). Le japonisme est un mouvement célèbre de l’histoire de l’art européen mais il est peu connu au Japon, ce qui explique que le peintre Hiramatsu Reiji (né en 1941 à Tokyo) n’en ait découvert l’importance que lors de sa première exposition en France, en 1994. Il voit alors pour la première fois les Grandes Décorations de Claude Monet à l’Orangerie puis se rend à Giverny. C’est le début d’un travail sur le bassin aux nymphéas et d’un compagnonnage avec le Musée des impressionnismes où il est exposé en 2013 (à cette occasion, 25 œuvres sont achetées par l’institution), puis en 2018. Le Musée des impressionnismes continue ensuite ses achats et, en 2022, acquiert Symphonie des Nymphéas (2019-2020), une suite de 14 paravents qu’il présente aujourd’hui avec quelques autres œuvres de sa collection.

Hiramatsu se considère comme un impressionniste. Son hommage à Monet reprend le principe immersif et les cadrages des Grandes Décorations. Il ne s’agit pas d’un panorama comme à l’Orangerie mais d’une suite de paravents, supports traditionnels de la peinture japonaise. De même, il n’adopte pas la touche impressionniste mais peint selon la technique millénaire du nihonga, (« peinture japonaise »). Les couleurs vives, à base de pigments naturels, sont utilisées en aplats, jamais mélangées mais superposées au besoin. Le nihonga utilise aussi l’encre de Chine et les matières brillantes telles que la nacre ou le mica pour le blanc et aussi des feuilles métalliques (or, argent, platine).

Contrairement aux pratiquants contemporains du nihonga, Hiramatsu peint les sujets que l’on trouve dans l’estampe japonaise (ukiyo-e), sur les gardes de sabre (tsuba) ou encore sur les boîtes de ceinture (inro), qui ont séduit les artistes occidentaux au XIXe siècle : fleurs, branches de saule, de cerisier ou d’érable, bambous, oiseaux, insectes. Célèbre au Japon, il permet à ses compatriotes d’appréhender l’esthétique que leur pays a transmise à l’Europe. Quant aux Occidentaux, ils retrouvent chez lui ce qui a séduit le XIXe siècle : une attention quasi métaphysique à la beauté fugace de la nature.

Hiramatsu Reiji, Symphonie des Nymphéas,
jusqu’au 3 novembre, Musée des Impressionnismes, 99, rue Claude Monet, 27620 Giverny.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°640 du 4 octobre 2024, avec le titre suivant : Hiramatsu, le passeur

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