Hey ! Dans la marge

Réunissant une soixantaine d’artistes de tous âges et de tous pays à la croisée de l’art brut, la Figuration libre, la bande dessinée, le Lowbrow, le Pop Surréalism, le Street Art ou encore l’univers du tatouage, l’exposition aurait en effet pu laisser craindre un vaste fourre-tout.

Or c’est précisément l’inverse qui se passe : entre Molinier, Blanquet, Trouille, Darger, Navette, Chris Mars, Sailor Jerry ou Thomas Ott, se dégage une remarquable unité. Celle-ci tient d’abord, en tout cas au rez-de-chaussée, à une scénographie digne des cabinets de curiosité, et qui souligne si besoin était l’étrangeté, l’onirisme ou le morbide des œuvres présentées. Surtout, au-delà de leur diversité (culturelle, générationnelle ou stylistique), il court entre les artistes de l’exposition un même goût pour la résistance et une volonté commune de se tenir aux marges de l’expression mainstream. Consciemment ou non, tous ou presque sont les enfants terribles du surréalisme et de la (contre) culture de masse.

S’ils multiplient les références au rock et les détournements d’objets (jouets notamment), ils nouent aussi leurs œuvres aux confins du rêve, de la mort et de l’érotisme, et affirment le primat de l’expression singulière sur la critique ou le commentaire. En cela, les œuvres rassemblées par Anne & Julien offrent un contrepoint stimulant à l’art contemporain porté par le marché, et soulignent combien les cultures alternatives offrent un terreau fertile à la création.