centre d’art

Henri Guitton met les images en boîte

L'ŒIL

Le 1 février 2001 - 217 mots

L’inspiration des albums souvenirs en trois dimensions d’Henri Guitton se décline en vertus cardinales : le poisson est de rivière, les souvenirs de famille, l’école publique et l’art du temps. Attention, cependant. Il y va des images-boîtes d’Henri Guitton comme des mots-valises d’un Vialatte qui aurait chatouillé la truite un dimanche avec Duchamp. Ce qui fait sens révèle un autre sens. Ces reliquaires irrévérencieux, à peine plus grands qu’une copie potache, montrent bientôt de minuscules tiroirs, maintes étagères et des compartiments dérobés. Peintures, histoires de peu et autres merveilles sont cachées dedans. La technique du collage prend une gaieté de guinguette, les bricolages sont cultivés. Heureux retraité de l’enseignement, post-moderne rêveur à sa manière buissonnière, le pêcheur en eaux claires n’est pas artiste à défier dame nature. Le site du Dourven, une presqu’île cernée par les vagues, simplement grandiose, impose le respect s’il ne porte à la méditation. Le musicien Paul Le Flem y venait reprendre son inspiration. Le centre d’art, délicat paradoxe perché sur un bec rocheux, se révèle aux dimensions modestes de la maison familiale qu’il fût. Loin de se mesurer au formidable paysage, l’œuvre de Guitton salue avec une belle pertinence poétique la rivière de Lannion, en face, qui se jette dans la mer. Et fait mouche.

TREDREZ-LOCQUEMEAU, galerie du Dourven, 3 février-18 mars

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°523 du 1 février 2001, avec le titre suivant : Henri Guitton met les images en boîte

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