Dix ans après avoir subjugué les visiteurs de l’exposition « Visions du Nord », les fascinants autoportraits d’Helene Schjerfbeck (1862-1946) viennent à nouveau irradier les cimaises du musée d’Art moderne de la Ville de Paris. Entourés, cette fois-ci, des natures mortes, portraits, paysages et scènes d’intérieur de l’artiste finlandaise.
Première rétrospective en Europe de cet enfant prodige de la peinture ayant élaboré, dès le début des années 1880, dans le secret et la solitude, un langage plastique d’une étonnante modernité et d’une rare intensité, cette exposition vient à point nommé combler une lacune de notre histoire de l’art moderne pêchant souvent par excès de chauvinisme...
Il fut d’ailleurs bien difficile, selon le commissaire de l’exposition parisienne, Gérard Audinet, et l’initiatrice du projet à Hambourg, Annabelle Görgen, de convaincre de la légitimité de ce qui a pu apparaître comme une véritable gageure. Outre celles des musées d’Helsinki et de Stockholm, il a fallu, en effet, rassembler les œuvres de pas moins de quarante collections privées « cachées dans la forêt de Finlande » raconte Annabelle Görgen, qui ne s’attendait pas à ce que l’exposition accueille autant de visiteurs. Un succès inattendu pour une artiste presque inconnue hors de sa contrée natale, que devrait confirmer le public parisien.
Outre l’extraordinaire série des derniers autoportraits allant jusqu’à montrer la mort à l’œuvre sur des visages réduits à des lignes osseuses, des bouches béantes et des orbites semblables à des gouffres, celui-ci découvrira les natures mortes conduisant, à la même époque, l’épuration du motif aux portes de l’abstraction. Une quête de la « peinture pure » entamée par Schjerfbeck dès avant Maurice Denis ou Gauguin, et en dépit du succès remporté par ses « toiles de Salon » naturalistes, qui lui vaudra de connaître une longue traversée du désert.
Ombre sur le mur, banc, femmes lisant ou méditant... Toutes de silence et d’intériorité, les toiles exposées ici chronologiquement dévoilent ce processus de simplification, notamment à travers les réinterprétations (« réincarnations » disait le peintre) des mêmes motifs et les grattages faisant apparaître la toile brute, pour atteindre à la « substantifique moelle » de la peinture. « Il n’y a pas de belle surface sans une profondeur effrayante », disait Nietzsche.
« Helene Schjerfbeck, 1862-1946 », musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11, avenue du Président-Wilson, Paris XVIe, tél. 01”‰53”‰67”‰40”‰00, jusqu’au 13 janvier 2008.
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Helene Schjerfbeck, une Finnoise à Paris
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°597 du 1 décembre 2007, avec le titre suivant : Helene Schjerfbeck, une Finnoise à Paris