Au siècle dernier, Raymond Roussel et Alfred Jarry renouent avec la « langue des oiseaux », une langue fictive qui consiste, à l’aide de différentes combinaisons, à inventer des compositions littéraires véhiculant des messages cryptés.
Très influencé par ce traitement humoristique du langage, le Nouveau Réaliste Raymond Hains (1926-2005), grand amateur de jeux de mots, a fait de cette langue secrète une véritable poétique. En forme d’hommage, le Frac Bretagne présente une rétrospective de son travail (affiches lacérées, photos, objets, archives, films, Macintoshages), doublée d’une expo collective réunissant dix-sept artistes investissant aussi le champ du langage. L’exposition « Autour de Raymond Hains », conçue selon le principe du coq-à-l’âne par la jeune commissaire Marion Daniel, offre l’occasion de savourer à volonté anomalies, calembours, contrepèteries, rébus, bégaiements et autres paroles manquées. Si l’on retrouve des artistes établis de la même génération que Hains (François Dufrêne, Jean Dupuy, Jacques Villeglé), des plasticiens émergents (Julien Bismuth, Yann Sérandour, Catherine Sullivan…) sont également au rendez-vous pour perturber la langue et déjouer les normes sociétales. Ainsi, les vidéos d’Anne Marie Rognon (Dans les ondes, 2003 ; Petit Coin de fraîcheur, 2006), reprenant ad nauseam les codes publicitaires pour mieux les dynamiter de l’intérieur, sont d’une drôlerie redoutable ! À la fin du parcours, on finit par adhérer totalement à cet état d’esprit libertaire refusant la logique cartésienne au profit de raisonnements absurdes qui jouent à saute-mouton avec la « langue oppressive » (Roland Barthes).
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Hains délie les langues
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Cet article a été publié dans L'ŒIL n°670 du 1 juillet 2014, avec le titre suivant : Hains délie les langues