Il préférait la paix à la guerre. Aux conquêtes acharnées d’un Trajan, Hadrien substitua une politique défensive lui laissant le temps de s’adonner à sa principale passion : l’art de bâtir. Avec lui, l’architecture romaine atteint ses lettres de noblesse, devenant un paradigme aussi fort que l’était la Grèce antique. Son nom reste ainsi indéfectiblement lié au Panthéon, à son mausolée romain – futur château saint-Ange – et bien sûr à la villa qui porte son nom à Tivoli. Pour ceux qui n’ont pu redécouvrir la néronienne Domus Aurea (L’Œil n°509), la mairie du Ve dévoile les fastes impériaux de la Villa Hadriana. Longtemps, ses ruines ont laissé les archéologues perplexes. Inaugurant des formes inédites – ici commence le règne des sphères et des courbes qui inspira tant Borromini au XVIIe –, adoptant une organisation apparemment anarchique, on y voyait le fruit d’un génie capricieux, une manière de « folie » à la Louis II de Bavière. En 1984, Henri Stierlin corrige cette interprétation facile. Selon lui, l’ensemble a été conçu comme un gigantesque appareil à visées cosmologiques, entièrement voué à l’accomplissement du culte impérial et à l’affirmation du pouvoir d’Hadrien. Au service de cette glorification, des œuvres d’art sans pareil, une véritable mine de trésors dans laquelle puiseront allègrement toutes les têtes couronnées européennes. Mosaïques, intailles, bas-reliefs et statues, aujourd’hui réunis à Paris, ont effectivement suscité des convoitises dès la Renaissance. Jusqu’à Napoléon, qui rapporta de ses campagnes d’Italie le Faune ivre et l’Antinoüs Albani. Restitués en 1815, ces chefs-d’œuvre de la statuaire antique quittent à nouveau le Capitole.
Et parce que c’est le propre des empereurs que d’aduler les obélisques, une réplique de celui d’Antinoüs – ramené d’Égypte par Hadrien – sera installée place du Panthéon, le temps de l’exposition.
PARIS, Mairie du Ve arrondissement, jusqu’au 19 décembre, cat. Electa, 396 p., 430 ill.
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Hadrien, les mémoires d’une villa
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°510 du 1 octobre 1999, avec le titre suivant : Hadrien, les mémoires d’une villa