« Enquêtes vagabondes », l’exposition du Musée Guimet, rend hommage à l’homme qui est à l’origine de ses collections actuelles : Émile Guimet (1836-1918).
Accompagné du peintre et illustrateur Félix Régamey (1844-1907), ce riche industriel lyonnais embarque pour l’Asie en 1876 dans le but d’étudier sur le terrain les religions de ce continent. Unis par leur vive curiosité, les deux hommes explorent pendant dix mois le Japon, la Chine, le Sri Lanka puis l’Inde, autant de destinations qui guident aujourd’hui le parcours chronologique de l’exposition. Si le voyage évoque de nos jours la liberté et l’exotisme, l’exposition montre qu’il est avant tout pour Guimet source de connaissance.
Son projet est scientifique, intellectuel et même social : il veut voir, toucher, parler, comprendre, dans l’intention de faire connaître et de diffuser le savoir par le pouvoir évocateur de l’objet. Dès son retour, il présente ainsi ses nombreux achats faits en Asie à l’Exposition universelle de 1878 à Paris. Un an plus tard, son Musée des religions voit le jour, d’abord à Lyon, puis à Paris.
Le Musée Guimet offre aujourd’hui la possibilité au visiteur de découvrir quelques-uns de ces chefs-d’œuvre des arts asiatiques religieux qui ont particulièrement retenu l’attention de Guimet, mais aussi plusieurs photographies et journaux de bord qui permettent de documenter cette aventure, sans oublier les nombreuses œuvres de Régamey. Ses épatants dessins (prêtres shinto, artisans ou jeunes filles en kimono croqués sur le vif) révèlent l’œil ethnographique d’un fin observateur capable de saisir au vol ce qui compte peut-être le plus dans un voyage : les détails.
« Enquêtes vagabondes, le voyage illustré d’Émile Guimet en Asie »,
Musée national des arts asiatiques - Guimet, 6, place d’Iéna, Paris-16e, www.guimet.fr
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°710 du 1 mars 2018, avec le titre suivant : Guimet et Régamey, ailleurs, sur le terrain