Art Contemporain - Versailles aurait-il enfin trouvé un artiste à sa (dé)mesure ? Depuis une quinzaine d’années, le palais du Roi-Soleil a multiplié les invitations aux artistes contemporains, sans jamais que ces dialogues ne sonnent vraiment juste.
On se souvient davantage des polémiques qui ont émaillé ces événements que d’images frappantes générées par ces cartes blanches. Étrangement le château n’avait jamais misé sur la peinture pour ces face-à-face. Sans doute parce qu’il est difficile d’oser se confronter aux géants de cet art qui peuplent les lieux. À commencer par Charles Le Brun (1619-1690). L’institution franchit enfin le pas et convie l’un des peintres les plus talentueux de son temps : Guillaume Bresson (né en 1982). En quelques années à peine, l’artiste toulousain s’est taillé la part du lion sur la scène artistique française. Le tout en renouant avec la grande peinture figurative dont tout le monde prédisait pourtant la disparition irréversible. Ses grandes compositions dont l’esthétique léchée contraste puissamment avec la violence du contenu sont devenues sa marque de fabrique. Étonnamment ses personnages hyperréalistes issus de ce que l’on appelle pudiquement « les quartiers », se livrant à des combats urbains, entrent efficacement en écho avec les immenses batailles qui tapissent les galeries versaillaises. Excellente idée de scénographie, l’accrochage sur des plots en béton brut tranche avec les dorures et met instantanément dans l’ambiance des cités et des parkings que Bresson peint avec virtuosité. Une fois passé l’effet de surprise, l’œil voyage avec malice d’une toile à l’autre, des batailles épiques d’Horace Vernet (1789-1863) aux bagarres savamment chorégraphiées d’aujourd’hui. On oublie ainsi rapidement l’artifice de cette rencontre entre patrimoine et art actuel pour se focaliser sur leur point de convergence : la fascination pour la représentation de la violence, qu’il s’agisse d’immortaliser l’histoire avec un grand H autant qu’une anecdotique guérilla urbaine. Un face-à-face aussi inattendu qu’enthousiasmant.
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Guillaume Bresson conquiert Versailles
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°783 du 1 mars 2025, avec le titre suivant : Guillaume Bresson conquiert Versailles