Guerre et sexe

Faites l’amour, pas la guerre. Pleine de sagesse, l’expression « soixante-huitarde » en prend pourtant pour son grade à l’Hôtel des Invalides. L’exposition « Amours, guerres et sexualité » s’attarde sur les liens qui ont uni (et désuni) les hommes et les femmes lors des deux derniers conflits mondiaux, et montre combien les relations entre la guerre et le sexe sont complexes.
De la virilité placardée sur les murs pour mobiliser les troupes aux retrouvailles entre époux croquées dans les journaux, la société et l’État ont régi le commerce amoureux et sexuel. Les états-majors ont organisé la prostitution au sein des armées tout en prévenant le risque de syphilis, avec toutefois diverses approches. À l’éducation des troupes françaises par voie de films montrant des pénis malades, les Américains ont préféré intégrer des préservatifs au pactage du soldat. À l’arrière, en revanche, on veille aux bonnes mœurs des épouses : attention au bavardage féminin préviennent les autorités… et aux espionnes !
L’exposition aborde aussi, à côté de sujets plus légers telle la pin up, des questions taboues, dont l’homosexualité.
Des photos montrent des spectacles improvisés durant lesquels des soldats travestis font danser en couple leurs camarades. Mais ces images ne sont rien en regard de celles de viols commis sur les populations civiles, même si, se défendent les autorités, le barbare c’est l’ennemi.
Bien sûr, l’histoire prime ici sur l’art. Les quatre cent quatre-vingts objets, affiches, photos, documents… réussissent pourtant à faire une exposition visuelle qui prend tout son sens dans le catalogue. Dommage qu’elle soit desservie par le parcours qui, scindé en deux, ne se prête pas, ou mal, à la visite.