Étonnant paradoxe : alors que la guerre n’a aujourd’hui rien perdu de son intensité, la plupart des artistes contemporains n’en font plus vraiment cas.
L’époque n’est donc plus au groupe d’artistes militants, comme ce fut le cas par le passé, et une exposition comme la fameuse « Salle rouge pour le Viêtnam », organisée par le Musée d’art moderne de la Ville de Paris en 1967, n’a connu aucune postérité. L’absence d’actions solidaires est toutefois compensée par certaines entreprises individuelles qui paraissent d’autant plus fortes qu’elles sont isolées.
La réponse de Haacke, Ristelhueber et Gerz aux conflits d’aujourd’hui
Hans Haacke s’est ainsi fait une spécialité de la dénonciation du comportement de ces sociétés qui font leurs choux gras de l’économie de guerre. Produits d’enquêtes particulièrement poussées, ses installations rassemblent toutes sortes d’éléments qui opèrent comme autant de pièces à conviction, à l’instar de cette œuvre réalisée en 1985, Buhrlesque, pointant les relations de l’entreprise suisse d’armement Oerlikon-Bührle et de son président, par ailleurs grand mécène d’art contemporain, avec un certain nombre de contextes de guerre dans le monde.
La série de photographies que Sophie Ristelhueber a notamment réalisée, au début de 1990, sur le terrain de la guerre du Golfe, juste après le conflit, en compose comme un triste livre d’heures mémorable ; les traces qu’elle en montre s’offrent à voir en de désastreuses cicatrices défigurant à jamais le paysage [ voir p.60 ].
D’origine allemande, Jochen Gerz développe quant à lui tout un travail de mémoire qui en appelle à des propositions interactives, souvent pacifistes, en vue de réconciliation entre les peuples. The Future Monument, qu’il a érigé au Royaume-Uni, à Coventry, en 2004, en est un puissant exemple ; il s’agit d’un obélisque de verre de plus de quatre mètres de haut, éclairé de l’intérieur, autour duquel sont inscrits sur des plaques également de verre les noms des différentes nations autrefois ennemies.
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Guerre et paix dans l’art contemporain
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°646 du 1 mai 2012, avec le titre suivant : Guerre et paix dans l’art contemporain