Si l’hybride, comme on le prétend volontiers, caractérise par excellence la production de l’art contemporain des vingt dernières années, Thomas Grünfeld en est alors l’un des représentants les plus accomplis. Depuis près de vingt ans, en effet, l’hybridation est le vecteur fondateur de la démarche de cet artiste allemand, né à Opladen en 1956, et dont les créations le disputent à toute réalité et à tout entendement. À mi-chemin entre un travail de taxidermiste et une vision proprement onirique, l’art de Thomas Grünfeld témoigne d’une inventivité sans frein dans cette façon qu’il a de mettre au monde des créatures composites incroyables : un sanglier qui vole, une autruche qui bêle, un renard accouplé à un chien... Instruit de l’exemple des contes et légendes qui relatent l’impossible mariage des espèces, il joue tout à la fois de l’apparence, de l’irréel et du fantastique. Ce faisant, il met en échec toute expérience, toute connaissance, toute prévision et invite à nous remettre radicalement en question. Jusqu’à réfléchir sur ce qu’il en est de la nature de l’œuvre d’art considérée à l’aune du Créateur, dont Grünfeld est un élève non seulement turbulent mais subversif. Il s’agit bien en effet de concevoir des créatures qui sont totalement « désaxées » par rapport à ce que la nature a pour ordinaire d’engendrer. Tout l’art de Grünfeld réside dans cette déviation du naturel vers le fabuleux. Dans le droit fil de ces objets de cabinets de curiosités qui en faisaient le merveilleux.
PARIS, galerie Jousse Seguin, jusqu’au 20 novembre.
L’accès à la totalité de l’article est réservé à nos abonné(e)s
Grünfeld le mysfiticateur
Déjà abonné(e) ?
Se connecterPas encore abonné(e) ?
Avec notre offre sans engagement,
• Accédez à tous les contenus du site
• Soutenez une rédaction indépendante
• Recevez la newsletter quotidienne
Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°511 du 1 novembre 1999, avec le titre suivant : Grünfeld le mysfiticateur