Autour de deux études de Rubens réunies sur un même panneau, récemment acquis par les collections nationales bavaroises, la Neue Pinakothek de Munich présente une exposition consacrée aux esquisses préparatoires de l’artiste. À travers les exemples du Mariage de Marie de Médicis et de la Chasse au lion, les différentes phases d’élaboration des œuvres de Rubens, depuis la première étude jusqu’au tableau définitif, apparaissent dans leur continuité.
MUNICH - Les collections nationales bavaroises, déjà riches en tableaux de Rubens, viennent d’acquérir une nouvelle œuvre du maître flamand : deux études à l’huile sur un panneau double face. L’étude préparatoire pour la célèbre Chasse au lion occupe un côté, tandis que l’autre sert de support à une scène du cycle Médicis, Le mariage de la reine. Jusqu’en 1994, ce panneau était conservé à Houghton Hall, en Grande-Bretagne. Ces deux compositions sont étroitement liées à la collection de l’Alte Pinakothek. Le grand tableau de la Chasse au lion, commandé en 1621 par Sir John Digby pour l’offrir à la marquise d’Hamilton, avait été acquis par le prince Électeur Max Emmanuel de Bavière pour la Pinakothek avant 1706. Munich possède également, depuis 1729, seize études à l’huile qui ont précédé l’exécution sur toile du grand cycle de 24 peintures commandées par Marie de Médicis pour le palais du Luxembourg à Paris (aujourd’hui conservées au Louvre).
Pour célébrer cette acquisition, les collections bavaroises organisent une exposition des études à l’huile réalisées par Rubens pour ces deux projets, dont six sont prêtées par le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, une appartient au Kunsthaus Heyslof de Worms, et une autre, présentée au public pour la première fois, provient d’une collection privée de Londres. Toutes les grandes études à l’huile pour le cycle Médicis, ainsi que les travaux préparatoires pour la Chasse au lion – deux beaux dessins de visages ont été prêtés par le British Museum de Londres et le Kupferstichkabinett de Berlin – sont ainsi réunis.
L’étude à l’huile pour la Chasse au lion montre les grandes lignes de la composition ; pour le groupe central du lion attaquant un cavalier turc, les couleurs sont déjà plus précises. Une fois le tableau exécuté, l’esquisse n’avait plus de raison d’être. Rubens a alors découpé le bord gauche et le bas du panneau, l’a retourné et utilisé l’autre face pour l’une des études du Mariage de la reine. Cette scène, huitième de la série, représente le mariage par procuration d’Henri IV et de Marie de Médicis à la cathédrale Santa Maria del Fiore à Florence, le 5 octobre 1600. Retenu par ses obligations militaires, le roi n’avait pu assister à son propre mariage et s’était fait remplacer par le grand-duc Ferdinand de Toscane, oncle de la mariée.
La Chasse au lion de l’Alte Pinakothek a été restaurée pour l’exposition de Munich : une fois éliminés le vernis jauni et les repeints postérieurs, elle apparaît ici dans toute sa splendeur. Dans une lettre datée de 1621, Rubens confiait d’ailleurs qu’il s’agissait de l’une de ses plus grandes œuvres.
LA GRIFFE DU LION, jusqu’au 11 janvier, Neue Pinakothek, Barerstrasse 29, Munich, tél. 49 89 23 80 50, tlj sauf lundi 10h-17h, mardi et jeudi 10h-20h. Catalogue Konrad Renger, 68 p.
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Griffe de maître
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°51 du 3 janvier 1998, avec le titre suivant : Griffe de maître