Graphiversaire !

D’abord dans le 18e arrondissement de Paris, puis lors d’expositions itinérantes, et enfin rue de Charonne, où ils se sont fixés progressivement à partir de 2012. L’invitation que leur fait cet été l’abbaye Auberive donne la mesure de leur talent de défricheurs. Dans le centre d’art contemporain logé dans l’aile ouest du bâtiment, l’exposition « Arts factory » réunit sur deux étages un ensemble foisonnant de cinq cents œuvres, signées par une cinquantaine d’artistes et de collectifs. On y retrouve bien sûr les « historiques » : Kiki et Loulou Picasso (Bazooka), Blexbolex, Pierre la Police, Willem, Daniel Johnston, Sophie Dutertre et bien sûr Stéphane Blanquet, évoqué dès la première salle du parcours via un ensemble de pages et couvertures de Tranchée Racine. On croise aussi les héritiers de leurs recherches menées hors des sentiers battus, d’Amandine Urruty à Simon Roussin et Jean-Luc Navette. De cette vaste tribu, l’abbaye d’Auberive restitue l’ampleur et la diversité. Les salles de l’exposition comptent bien sûr de nombreuses vitrines où sont présentés graphzines et éditions. Elles déroulent aussi une succession de sérigraphies et de gravures, comme pour rappeler que les multiples sont dans l’ADN de la galerie et en marquent le positionnement en faveur d’un art abordable. Mais l’exposition réserve aussi quelques surprises, dont une poignée d’installations et une fresque in situ signée Jim Avignon. L’ensemble révèle une grande liberté de ton et de forme, en parfaite cohérence avec la programmation de l’abbaye, dédiée à l’art outsider et aux expressions singulières.