Et si l’excès décoratif de l’habit d’Émilie Flöge dans le portrait de Klimt n’avait été orchestré que pour attirer le regard du spectateur sur les quelques centimètres de peau de la jeune femme, derrière laquelle un cœur bat, et dont la coloration rose des joues laisse transparaître l’émoi ? C’est de cette interrogation qu’est née l’exposition « À fleur de peau.
Vienne 1900 ». La révélation de la chair ne serait pas un simple objet d’étude, mais la clé de voûte de la création viennoise. À travers cent quatre-vingts peintures, dessins et objets d’art, cette stimulante exposition du Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne propose de dépasser l’opposition classique entre les générations de Gustav Klimt et d’Egon Schiele et Oskar Kokoschka, entre symbolisme et expressionnisme, pour retracer l’émergence d’une sensibilité nouvelle explorant le mystère de cette surface sensible qui sépare l’homme et le monde. Dans un parcours en six temps, on contemple la recherche d’une vérité nouvelle à travers la peau blanche et diaphane d’un portrait de Klimt, comme on redécouvre les colorations crues et sonores des chairs d’Egon Schiele, où affleurent émotions et torsions des muscles. Puis, on plonge dans les profondeurs de la chair et de la dissection, avant d’entrevoir la relation de la peau avec le monde, notamment à travers un autoportrait de Richard Gerstl, où le lien au cosmos s’exprime par la gradation des tonalités, du bleu clair de l’aura au bleu sombre de l’univers qui l’absorbe, et d’appréhender la peau comme un espace plastique. Un catalogue intéressant approfondit le propos de cette exposition originale.
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Grains de peau
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°735 du 1 juillet 2020, avec le titre suivant : Grains de peau