Sculpture - Le 8 avril 2023, on commémorera le cinquantième anniversaire de la disparition de Pablo Picasso (1881-1973).
L’occasion pour les gouvernements français et espagnols d’organiser une « célébration » digne du génie du XXe siècle, en rendant possible une cinquantaine d’expositions en Europe et aux États-Unis. Quand la Belgique a ouvert ces célébrations avec un intelligent « Picasso & Abstraction » au Musées royaux des beaux-arts (Bruxelles), l’Espagne inaugure son cycle d’événements par une confrontation inattendue, mais bienvenue, entre Picasso et son compatriote le sculpteur Julio González (1876-1942). À la Fondation Mapfre (Madrid), « Julio González, Pablo Picasso et la dématérialisation de la sculpture » prend prétexte de la collaboration entre les deux amis à la création d’un monument – jamais achevé – à la mémoire d’Apollinaire pour inscrire leur travail dans le contexte artistique de l’époque et regarder comment les deux œuvres se sont nourries l’une l’autre. Réalisé en collaboration avec le Musée Picasso à Paris et la Julio González Admnistration, l’accrochage de plus de 170 œuvres, peintures, sculptures et dessins, est articulé en trois chapitres : le modernisme catalan (1896-1906), la dématérialisation de la sculpture (1928-1932) et les œuvres de la guerre (1937-1944). Si les premières salles ont la bonne idée de convoquer d’autres artistes, parmi lesquels Nonell, Mani, Gris, Gargallo, Lipchitz, Giacometti et Laurens (dont est présenté un exceptionnel Bol de fruits avec raisins de 1918, toujours en mains privées), la force de l’exposition réside dans la place qu’elle octroie à Julio González, placé à l’égal du maître – inscrire le nom de González avant celui de Picasso sur l’affiche n’est, à ce titre, pas anodin. Avec subtilité, le parcours va crescendo, partant de premiers travaux décoratifs de González, formé au métier d’orfèvre, pour montrer comment celui-ci va se nourrir du travail de Picasso et acquérir sa propre autonomie esthétique. Point d’orgue de l’exposition, la salle consacrée au thème de la « Femme à sa toilette » réunit une sélection de dessins allant de 1904 à 1931 autour de Femme se coiffant I (1931), acmé de la sculpture de métal du XXe siècle. L’éclairage remarquable de ce chef-d’œuvre souligne combien González fut, lui aussi, un génie de la sculpture, chantre du dessin dans l’espace ! Mais le parcours ne devait-il pas s’arrêter là ? Péché de gourmandise, celui-ci se poursuit par une sélection d’œuvres de moindre force, comme la Femme au fagot de bois (1932), qui rappelle que González, aussi génial fût-il, n’est pas pour autant Picasso. Pire, le dernier chapitre ramène González à un champ proprement hors sujet dans une exposition dédiée à la sculpture dématérialisée : le politique. Chapitre à l’issue duquel Picasso repasse, malheureusement, en tête d’affiche.
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González et Picasso à leur sommet
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°759 du 1 novembre 2022, avec le titre suivant : González et Picasso à leur sommet