Le Musée des beaux-arts de Rennes consacre à Gilles Aillaud (1928-2005) une exposition monographique retraçant l’ensemble de son parcours.
Le visiteur, évoluant dans une scénographie fluide conçue par l’architecte Eric Morin, part des toiles des années 1970 représentant des animaux au zoo pour arriver aux séries de paysages africains et bretons entreprises à partir de 1978, en passant par ses nombreuses collaborations comme scénographe, de 1972 à 2002, auprès de grands metteurs en scène de théâtre : Klaus Michaël Grüber, Jean Jourdheuil, Bernard Sobel, Luc Bondy… Manque juste à l’appel sa peinture politique des débuts au sein du Salon de la jeune peinture, de 1964 à 1971, et de la Figuration narrative. S’il est figuratif, l’art méditatif d’Aillaud – il étudia la philosophie avant de s’orienter vers la peinture – n’est en rien illustratif ou platement narratif : cette peinture silencieuse offre divers niveaux de lecture. Bien sûr, l’angle allégorique est possible : difficile de ne pas voir dans ces animaux sauvages encagés un renvoi à notre solitude d’humain enfermé dans la froideur de l’espace urbain. Mais Aillaud n’est pas seulement un « Jean de la Fontaine de la peinture », il est aussi un artiste célébrant le genre animal et la beauté du vivant, ainsi qu’un « peintre pour les peintres » citant l’histoire de la peinture. On ne se lasse pas d’admirer sa maîtrise à rendre la peau des animaux, la vibration de la lumière, et des tableaux superbes, comme Orang-Outang de La Havane (1967) et Serpent, porte et mosaïque (1972), citent très subtilement la grille moderniste d’un Mondrian. Bref, c’est un plaisir que de se rendre en Bretagne pour rencontrer cette peinture simplissime – dessiner des animaux, c’est l’enfance de l’art ! – et complexe à la fois. Et, franchement, lorsque l’on voit depuis cet hiver la place accordée à Beaubourg aux chats, chiens et cochons de pacotille de Koons, on se demande ce qu’attend le Centre Pompidou pour offrir à ce très grand peintre animalier et paysagiste français la rétrospective parisienne qu’il mérite.
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Gilles Aillaud, peintre philosophe
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Abonnez-vous dès 1 €Musée des beaux-arts, 20, quai Émile-Zola, Rennes (35), www.mbar.org
Cet article a été publié dans L'ŒIL n°677 du 1 mars 2015, avec le titre suivant : Gilles Aillaud, peintre philosophe