Dans un entretien accordé à Jean-Marc Réol, et qui accompagne le catalogue de l’exposition de Gap, Gérard Traquandi, auquel on demande d’éclairer son rapport au médium-peinture, avoue qu’il l’a longtemps travaillé « en creux ». Le dessin, le collage et la photographie lui ont permis de tourner autour, sans l’aborder directement. « C’est seulement depuis quelques années que j’assume ce désir », dit-il. L’exposition du Musée départemental de Gap, qui rassemble les toiles les plus récentes de l’artiste, œuvres monumentales consacrées à des séries de fruits, fleurs, souches, feuillages, montre ce désir. Traquandi réamorce ici, à travers le choix de motifs qui donnent une dimension figurative à sa peinture, l’éternel débat sur l’intégration de la nature à l’espace de la toile. Comme le souligne Philippe Dagen, il ne représente pas mais transcrit. Les objets des natures mortes ou des paysages, magnifiés par des couleurs tout simplement jubilatoires, se livrent à nous non seulement par leur aspect visuel mais surtout par la sensation, dans une belle filiation cézannienne, qu’ils transmettent. L’autre débat récurrent est celui de la reconstruction ou de la légitimité de la peinture, ce médium qui semble aujourd’hui devoir toujours justifier le poids conventionnel de son histoire. Peut-on, aiguillé par l’intelligence, l’abandonner, pour se laisser aller à ce plaisir rare qui nous est ici offert, celui du pur bonheur pictural ?
GAP, Musée départemental, jusqu’au 3 octobre.
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Gérard Traquandi, la jubilation du désir
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Abonnez-vous dès 1 €Cet article a été publié dans L'ŒIL n°509 du 1 septembre 1999, avec le titre suivant : Gérard Traquandi, la jubilation du désir