Geoffroy Tory, imprimeur de caractère

Cet humaniste à la fois éditeur, grammairien, philologue puis imprimeur, premier sujet du royaume à porter le titre d’imprimeur du roi, fut une figure incontournable de la première Renaissance française, avant de sombrer dans l’oubli. Une exposition, qui s’inscrit dans l’histoire du livre, de l’enluminure et dans celle de la littérature en français, vient rappeler l’importance de ce personnage et l’héritage qu’il nous a légué. 
Dans Les Heures de 1525, Geoffroy Tory synthétise pour la première fois dans un ouvrage de dévotion l’influence de la peinture de la Renaissance italienne. Ce livre est le premier à être protégé par un privilège royal, premier copyright connu pour une œuvre graphique. Si sa contribution au livre liturgique illustré est considérable, son apport fondamental se trouve dans Le Champ Fleury, un traité de typographie et de codification de la langue française. Dans cet ouvrage, Tory normalise les règles de grammaire et de typographie et crée des caractères d’imprimerie spécifiques comme la cédille, les accents et la ponctuation. Parallèlement à l’apport technique, Tory développe une conception graphique et philosophique de la typographie qui lui permet toutes les audaces : lettres fantastiques, dont celles du célèbre « alphabet outils », ou encore lettres issues de recherches sur les proportions idéales calculées en fonction de la figure humaine. 
Le propos rigoureux, mais passionnant, de cette exposition est servi par une scénographie intelligente. Autour d’une présentation classique – livres ouverts et présentés sous vitrines –, des dispositifs multimédias permettent de feuilleter à l’envi des fac-similés et des outils de presse ainsi que des objets d’art appartenant à la sphère de l’édition ; compas, boîte à décrypter ou encore écritoire sont présentés au visiteur.