Geneviève Asse, espaces intimes

On dit souvent d’un petit tableau qu’il « tient » dès lors qu’on peut l’imaginer dans un format beaucoup plus important sans qu’il ne perde rien de ses qualités intrinsèques. Curieusement, on ne le dit pas aussi couramment des grands tableaux et les exemples qui tiennent le coup ne sont d’ailleurs pas nombreux. En fait, la question du format ne se pose pas en ces termes de réduction ou d’agrandissement ; elle n’a à voir qu’avec l’idée d’espace et c’est à sa maîtrise qu’un tableau est réussi ou non. L’œuvre de Geneviève Asse en est un puissant témoignage et l’exposition que lui consacre cet automne Marwan Hoss, une éclatante illustration. Exclusivement constituée de petits formats, peints tout au long de sa carrière de 1943 jusqu’à nos jours, celle-ci met en évidence l’exigence et la rigueur d’une trajectoire qui n’a jamais connu aucune dérive et dont on sait qu’elle a fait l’abandon du réel objectif pour mieux pénétrer les mystères de la lumière. Après la dernière FIAC où l’on avait pu découvrir d’immenses et majestueux tableaux tout en bleu, le choix de ces petits formats répond à l’affection qu’a toujours porté l’artiste aux « espaces minimes », comme elle les nomme, mais que l’on serait tenté de qualifier plutôt d’« intimes » tant il est vrai que sa démarche relève d’une quête fondamentalement intérieure. Si « c’est par la couleur et la matière » que Geneviève Asse « cherche à (s)’introduire dans l’espace », chacun de ses tableaux se construit dans la lumière et, comme le rappelle Jean Leymarie, « l’espace est vraiment, selon le mot de Plotin, le grain de la lumière. » À une époque où les complots se multiplient pour faire croire que la peinture est obsolète, l’art de Geneviève Asse affirme le contraire avec force, grandeur et simplicité.